Biographie du ProphèteToute l'actualité

Chapitre 18 L’erreur après Mishawaka (1936)

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DURANT LES SIX MOIS qui suivirent, Bill invita à plusieurs reprises John Ryan chez lui ; ainsi il apprit à mieux le connaître. L’habitude de Ryan à parler en langues fatiguait Billy,

mais ce dernier respectait beaucoup sa marche chrétienne. L’homme était très humble et accordait une grande importance à la prière et à la conduite du Seigneur.

John Ryan vivait à Dowagiac, Michigan, une petite ville à environ 300 milles [500 km] au nord de Jeffersonville, juste au-delà de la frontière de l’État d’Indiana. Il invita Billy à venir lui rendre visite et il mit cela attrayant en lui racontant que le Lac Papaw tout proche était un excellent endroit pour pêcher.

Billy était tenté. Même s’il n’avait pas pris de vacances depuis des années, le coût d’un tel voyage le faisait hésiter. Hope avait économisé 8 $ [5,60 euros] sur son salaire à l’usine de chemises. Comment pourrait-il justifier d’utiliser pour des vacances, l’argent que son épouse avait durement gagné, alors qu’ils avaient besoin de tellement d’autres choses? Mais Hope n’était pas de cet avis. Comme c’était elle qui avait économisé cet argent, elle estimait avoir son mot à dire sur la façon dont il serait dépensé et elle voulait que son mari prenne des vacances. Bill finit par dire qu’il irait, mais qu’il voulait qu’elle vienne avec lui. Hope déclina l’invitation, disant qu’elle préférait rester à la maison pour s’occuper de Billy Paul qui avait neuf mois. De plus, elle était enceinte de trois mois de son deuxième enfant. Souvent, le matin, elle se sentait fatiguée, sans énergie. Alors elle pensait qu’elle n’apprécierait pas de toute façon les vacances.

C’est ainsi qu’au mois de juin 1936, Billy fit le plein d’essence de son vieux Ford modèle-T et prit la direction du nord pour ses vacances. Lorsqu’il arriva à Dowagiac, Michigan, Mme Ryan l’accueillit chaleureusement. À la grande surprise de Billy, John Ryan n’était pas là. Mme Ryan expliqua : « Le Seigneur l’a appelé à aller quelque part près d’Indianapolis. »

Bill regarda autour de lui la petite cabane de deux pièces. Les armoires n’avaient pas de portes et il pouvait voir qu’elles étaient vides. « Vous voulez dire que vous avez laissé cet homme partir comme ça et vous laisser seule sans rien à manger dans la maison? »

« Oh, mais Frère Bill, il est un serviteur de Dieu », dit-elle.

Billy pensa : « Eh bien, Dieu vous bénisse, ma chère sœur. Si vous avez autant d’estime pour votre mari, alors je ne veux pas non plus le critiquer. »

Après avoir pêché toute la journée sur le lac Papaw, Billy rapporta ses prises chez Mme Ryan. Elle n’avait même pas de graisse pour faire frire le poisson, alors Billy alla en ville acheter des provisions.

Le samedi matin, Billy prit la direction de la maison. En traversant la petite ville de Mishawaka, Indiana, il remarqua une auto avec une grande affiche sur le côté, qui disait :

Le Branham Tabernacle, au coin de la 8e et de la rue Penn à Jeffersonville, Indiana (1930)

« JÉSUS SEUL ». Billy pensa : « Qu’est-ce que ça veut dire? » Puis, il vit une autre voiture avec les mots « JÉSUS SEUL » sur le côté, puis une autre et encore une autre. Cette affiche semblait être partout, sur des Cadillacs, des Buicks, des Fords et même sur des bicyclettes. Intrigué, Billy suivit une de ces voitures qui le conduisit jusqu’à une grande église située à la périphérie de la ville. Les rues avoisinantes et les lotissements inoccupés qui entouraient l’endroit étaient remplis d’autos stationnées qui portaient presque toutes cette curieuse affiche avec « JÉSUS SEUL ». En passant près de l’église, Bill put entendre chanter par les fenêtres ouvertes. Les chants étaient accompagnés par des cris et des hurlements. Cela semblait être le même genre de service d’adoration que Bill avait vu lorsqu’il était allé à Louisville rendre visite au groupe de la Maison de David. Il pensa : « Maintenant, je vais voir ce que c’est que des saints comédiens. »

Il stationna son auto et entra. Le sanctuaire était rempli d’au moins deux mille personnes, des blancs et des noirs. Bill dut rester debout à l’arrière et regarder par-dessus des têtes pour voir ce qui se passait. Quelque part à l’avant, on entendait un piano désaccordé. Les gens chantaient avec enthousiasme en frappant des mains : « L’un d’entre eux, l’un d’entre eux ; je suis si heureux de dire je suis l’un d’entre eux… » Les femmes hurlaient, donnant à Bill des frissons dans le dos. Puis, quelqu’un commença à danser dans l’allée en y mettant toute son énergie. Bientôt, d’autres le rejoignirent. La foule entière semblait se balancer et tanguer au son de la musique.

Au début, Billy pensa : « Aïe aïe aïe! En voilà une manière de se comporter dans une église! Qu’est-ce qui leur arrive? » Mais plus il se tenait là, mieux il se sentait. Il se mit à penser : « Il n’y a rien à redire avec ces gens. Ils ne sont pas fous ; ils sont juste excités. »

Lorsque la prédication commença, Bill apprit que c’était une convention  nationale  pentecôtiste. Elle devait avoir lieu dans le Nord parce que la ségrégation raciale faisait toujours rage dans le Sud. Un jeune prédicateur parla du baptême du Saint-Esprit, en pointant son doigt alors qu’il prêchait. Billy avait l’impression que l’homme le montrait lui-même du doigt. Ce prédicateur se référait constamment à des passages de l’Écriture tels Actes 2:4 : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » ; Actes 2:38 : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » ; et Actes 10:44, 46 : « Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole… ils les entendaient parler en langues et exalter Dieu. »

« Ça fait partie de la Bible », pensa Bill. « Je ne l’avais jamais vu de cette façon auparavant. Peut-être qu’il y a quelque chose de bon dans tout ça, finalement. » Plus il écoutait, plus il aimait ce qu’il entendait. Lorsque le service fut terminé, il pensa : « Une chose est sûre à propos de ces gens : ils n’ont pas honte de leur religion. Je crois que je vais revenir ce soir. »

Billy voulait vraiment rester dans les parages et découvrir ce que ce « baptême du Saint-Esprit » signifiait, alors il alla à son auto pour compter son argent. Il lui restait 1,75 $ [1,25 euros] Comme il savait de quelle quantité d’essence il aurait besoin pour retourner chez lui, il estima qu’il lui restait 20 cents [0,14 euro]. Cela ne suffisait pas pour louer une place réservée aux touristes pour la nuit. Peu importe, il pourrait dormir dans un champ de maïs. En allant en ville, Billy acheta un sac de petits pains rassis pour cinq cents [0,035 euro], estimant qu’il en aurait assez pour deux jours. Il mangea un petit pain, posa le sac sur la banquette arrière et retourna à l’église pour la réunion du soir.

Avant le début du service, un homme s’avança sur l’estrade et dit : « Ce soir, nous aimerions que tous les prédicateurs, peu importe leur dénomination, viennent s’asseoir sur l’estrade. » Plus de deux cents prédicateurs s’avancèrent, y compris Bill. Ils s’assirent derrière la chaire, faisant face à l’auditoire. Lorsqu’ils furent tous assis, l’homme derrière la chaire dit : « Nous n’avons pas assez de temps pour vous inviter tous à prêcher, mais nous aimerions que chacun de vous vienne au micro. Dites simplement qui vous êtes et d’où vous venez. »

Le micro était suspendu au plafond par un fil et se balançait juste au-dessus de la chaire. Billy n’avait jamais vu de micro auparavant. Il le regarda avec curiosité, alors qu’il s’approchait et disait : « William Branham, évangéliste, Jeffersonville, Indiana. »

Ce soir-là, Bill vit des choses étranges et intrigantes dont il se rappellerait toute sa vie. Assis dans l’audience, il y avait deux hommes qui semblaient être spécialement utilisés par Dieu. Il les avait remarqués plus tôt dans l’après-midi et voilà qu’ils le faisaient de nouveau. Un des hommes se levait et se mettait à parler dans une langue inconnue aussi vite qu’une mitraillette, puis l’autre homme se levait et interprétait en anglais ce qu’avait dit le premier dans sa langue inconnue. Après un petit moment, ils le faisaient de nouveau, mais vice-versa. Étonné de la spiritualité de ces deux hommes, Billy décida de leur parler avant de partir le lendemain.

Lorsqu’arriva l’heure de la prédication, un vieil homme de couleur monta en boitillant sur l’estrade. Il portait un long veston noir avec un col de velours. Il avait juste une petite couronne de cheveux blancs à l’arrière de sa tête. Il avait l’air si faible et si fragile. Bill se dit : « Ils ne vont tout de même pas faire prêcher ce pauvre prédicateur âgé, non? »

Mais c’est exactement ce qu’ils allaient faire. Le vieux gentleman vint au micro et dit : « Mes chers enfants, ce soir, je vais prendre mon texte dans Job 38 :4-7. » Il ouvrit sa Bible et lut : « Où étais-tu quand je fondais la terre?… Alors qu’ensemble les étoiles du matin éclataient en chants de triomphe, et que les fils de Dieu lançaient des acclamations? À partir de là, au lieu d’apporter son sujet de façon concrète, le vieux prédicateur remonta dans le temps, dix millions d’années plus tôt, afin de décrire ce qui se passait dans les cieux alors que la terre n’était qu’une pensée dans l’esprit de Dieu. Puis, il se rapprocha dans le temps, traversant les dispensations, suivant l’arc-en-ciel horizontal jusqu’au millenium, aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre. Il était maintenant si heureux qu’il cria :

« Gloire à Dieu! Vous pensez que j’ai une nouvelle religion? Frères, j’ai seulement une valise flambant neuve de religion du bon vieux temps! Youpi!! » Il sauta en l’air, claqua les talons et hurla : « Alléluia! Je n’ai pas assez de place pour prêcher. » Et il sauta de l’estrade, aussi leste qu’un enfant.

Bill en resta bouche bée. Il pensa : « Si le baptême du Saint-Esprit peut faire en sorte que ce vieil homme agisse comme cela, qu’est-ce que ça va faire si ça m’arrive à moi? »

Après l’église, Billy s’arrêta à une bouche d’incendie pour boire, mangea quelques petits pains, puis sortit de la ville et stationna dans un champ de maïs. Son bon pantalon était tout froissé alors il essaya de repasser son gros pantalon de toile. Il l’étendit sur la banquette avant et baissa le siège arrière dessus, espérant que le lendemain matin, le poids du siège aurait effacé quelques faux plis. Puis, il se coucha dans l’herbe sous un cerisier et pria : « Seigneur, dans quoi suis-je tombé? Est-ce, ce que John Ryan appelait, « l’expérience pentecôtiste »? Seigneur, aide-moi à y voir clair. Je n’ai jamais vu de gens aussi religieux de ma vie. Je ne sais pas exactement ce qu’ils ont, mais je sens que c’est ce que mon cœur affamé recherche. Ô Dieu, permets que, d’une façon ou d’une autre, je sois en faveur auprès de ces personnes. »

Longtemps après minuit, il roula sa chemise pour s’en faire un oreiller puis s’assoupit.

Le lendemain matin, Billy examina son pantalon de toile. Il ne s’était pas beaucoup amélioré, mais il était quand même mieux que son bon pantalon. Quant à sa bonne chemise, c’était une catastrophe. L’éducation baptiste de Billy lui dictait d’être toujours bien vêtu dans la maison de Dieu. Il se demandait s’il pouvait se résoudre à aller à l’église en T-shirt et gros pantalon de toile. Puis, il pensa : « Pourquoi pas? Ici, personne ne me connaît, ça ira. »

Il arriva à l’église de bonne heure. Alors que le sanctuaire se remplissait de gens, un homme de couleur s’assit d’un côté de Billy et une femme blanche de l’autre. Après les chants, un homme vint au micro et dit : « Hier soir sur l’estrade, le plus jeune prédicateur que nous avions avec nous était un évangéliste qui s’appelait William Branham de Jeffersonville, Indiana. Nous voudrions qu’il vienne apporter le message de ce matin. »

Billy n’en croyait pas ses oreilles. Il baissa les yeux sur ses vêtements de travail, puis s’enfonça inconsciemment dans son siège.

L’homme répéta : « Est-ce que quelqu’un ici sait où se trouve William Branham, un évangéliste de Jeffersonville? Il était sur l’estrade hier soir. Nous voudrions qu’il apporte le message, ce matin. »

Billy s’enfonça encore plus au fond de son siège. L’homme de couleur qui était assis à côté de lui se pencha vers lui et demanda : « Dites, le connaissez-vous? »

Ne voulant pas mentir, Bill murmura : « Oui, je le connais. »

« Est-il ici? »

« Euh, oui, il est ici, mais… »

« Alors, allez le chercher. »

Billy était pris au piège : « Euh, hum, vous savez, frère, je vais vous dire, c’est moi. »

L’homme de couleur hocha la tête et sourit : « J’ai bien pensé que quelque chose vous dérangeait. Bon, alors levez-vous et allez prêcher. »

« Non, je ne peux pas aller là-bas vêtu ainsi. » Bill désigna son T-shirt blanc.

« Ces gens ne se soucient pas de la façon dont vous êtes habillé. Allez-y. »

« Non, Monsieur, je ne peux vraiment pas. »

Le micro résonna de nouveau : « Quelqu’un a-t-il trouvé le Révérend William Branham? » L’homme de couleur leva la main et pointa Billy du doigt en criant : « Il est ici! Il est ici! »

Lentement, Bill se leva. Toutes les têtes dans l’auditoire se tournèrent dans sa direction. Il rougit tellement, que ses oreilles lui semblèrent être en feu. Sa Bible sous le bras, il descendit l’allée et monta sur l’estrade. Timidement, il prit place derrière la chaire. La foule le rendait nerveux ; la façon dont il était vêtu le rendait nerveux ; même le micro le rendait nerveux. Mais par-dessus tout, il était nerveux parce qu’il n’avait pas la moindre idée sur quel sujet il allait prêcher.

Il commença donc à parler : « Hum, mes amis, je ne sais pas vraiment comment vous prêchez ici. Je passais par cette route et… » Il posa sa Bible à plat sur le pupitre et l’ouvrit au hasard. Tout en parlant, il jeta un coup d’œil au premier verset au haut de la page. C’était Luc 16:23 : « Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, en proie aux tourments… Et il pleura… » Instantanément, Bill reconnut l’histoire du riche qui avait négligé un mendiant du nom de Lazare. Puis, l’homme riche mourut et alla en enfer.

Bill avait son sermon. Il lut l’histoire à l’auditoire, puis prêcha : « Il y a là un homme assis en enfer. Pourquoi était-il tourmenté? Il vit qu’il n’y avait pas de fleurs là ; et il pleura. Il vit qu’il n’y avait pas d’enfants là ; et il pleura. Il vit qu’il n’y avait pas de chants là ; et il pleura… » Bill continua dans cette ligne de pensée, montrant la tragédie finale d’une vie qui avait rejeté l’Évangile. Plus il prêchait, plus les gens entraient dans son sujet, jusqu’à ce que la foule vibre d’émotion : « Il n’y avait pas de paix là ; et il pleura. Il n’y avait pas d’amour là ; et il pleura. Il n’y avait pas de chrétiens là ; et il pleura. Il n’y avait pas de Dieu là ; et il pleura. » Finalement, Billy pleura.

La foule bondit sur ses pieds et cria à Dieu pour implorer sa miséricorde. Alors, le service sembla devenir trouble dans l’esprit de Billy et il se perdit dans le flot émotionnel des gens qui bougeaient. Lorsqu’il reprit tous ses sens, il se trouvait dehors, dans le cimetière. Un grand homme costaud vint vers lui et dit : « Vous dites que vous êtes évangéliste? »

« Oui, Monsieur. »

« Je suis Elder Johnson, du Texas. Que diriez-vous de venir au Texas tenir des réunions de réveil pour moi? »

Billy observa l’homme aux bottes de cowboy à hauts talons et son gigantesque chapeau de cow-boy. « Êtes-vous prédicateur? »

« Certainement. »

Au même moment, un homme plus petit s’avança. Il était vêtu d’un pantalon à carreaux, comme ceux que les joueurs de golf portaient dans le temps : « Je suis le Révérend Smith, de Miami, Floride. J’ai une église de cinq cents personnes. J’aimerais aussi que vous veniez tenir des réunions de réveil. »

Billy pensa : « J’ai l’impression que mon pantalon de toile et mon T-shirt n’étaient pas si mal choisis après tout. »

Une femme vint à son tour et dit : « Je fais un travail missionnaire chez les Indiens, au nord du Michigan. Pendant que vous prêchiez, le Seigneur m’a dit de vous demander de venir m’aider avec les Indiens. »

« Un instant, dit Bill, laissez-moi prendre un papier. »

Alors qu’il relevait les noms et les adresses, d’autres pasteurs vinrent le voir avec la même requête, au point qu’il avait assez d’invitations pour voyager pendant un an. Bill s’extasiait. Sa vie était sur le point de changer. Il avait hâte d’arriver à la maison et de le dire à Hope.

Mais, avant d’aller à la maison, il y avait deux autres hommes que Billy voulait rencontrer. Il chercha parmi la foule jusqu’à ce qu’il trouve l’un des hommes qui l’avaient impressionné

pendant les réunions avec tant de parlers en langues et d’interprétations. Bill se fraya un chemin jusqu’à lui et se présenta.

« Dites, vous êtes le jeune homme qui a prêché ce matin », lui dit le vieux gentleman.

« Avez-vous reçu le baptême du Saint-Esprit? »

« Je suis baptiste. »

« Mais avez-vous reçu le baptême du Saint-Esprit depuis que vous avez cru? »

« Hum, Frère, je n’ai pas ce que vous avez tous, ça je le sais. »

« Avez-vous déjà parlé en langues? »

« Non, Monsieur. »

« Alors je peux vous dire tout de suite que vous n’avez pas le Saint-Esprit. »

Billy haussa les épaules : « Si c’est ce qu’il faut pour avoir le Saint-Esprit, alors je ne l’ai pas. »

Comme ils parlaient, Billy observa l’homme attentivement, cherchant à saisir l’esprit de l’homme. Même si Bill ne comprenait pas le don exceptionnel qu’il possédait, il apprenait à s’en servir pour parvenir à ses fins. Il avait découvert que, s’il voulait réellement connaître quelque chose à propos de quelqu’un, il le découvrait généralement s’il parlait à cette personne assez longtemps pour capter son esprit. Maintenant, ce vieux chrétien semblait sentir que quelque chose de spécial était en train de se passer, parce que ses yeux regardaient nerveusement autour de lui. Bill garda la conversation centrée sur les réunions et bientôt, la vision vint. Bill fut satisfait ; cet homme était un authentique chrétien.

Bill et Hope

Maintenant, convaincu qu’il était sur la bonne voie, Billy brûlait dans son âme d’avoir plus de Dieu. En retournant à sa voiture, il croisa l’autre homme qui l’avait impressionné dans l’auditoire. Bill se présenta.

L’homme lui demanda : « À quelle église appartenez-vous? »

« Je suis baptiste. »

« Vous n’avez pas le Saint-Esprit, pas vrai? »

« Eh bien, je ne sais pas. Je sais que je n’ai pas ce que vous avez tous. »

« Avez-vous déjà parlé en langues? »

« Non, Monsieur. »

« Alors, vous ne l’avez pas. »

Pendant qu’ils parlaient, Billy essayait de saisir son esprit à lui aussi. Lorsque la vision finit par venir, elle dévoila la vie de l’homme comme un œuf pourri que l’on casse. Bill vit qu’il était marié à une femme aux cheveux noirs, mais qu’il vivait présentement avec une femme blonde et qu’il avait eu deux enfants avec elle. La vision continua de dévoiler des détails choquants. C’était là un vulgaire hypocrite. Cet homme n’était pas un « Jésus seul », c’était un « Seulement le dimanche ». Dans la vision, Bill le vit assis dans une taverne, buvant et jurant ; puis assis à l’église le dimanche, parlant en langues et prophétisant! Bill en fut horrifié. « Seigneur, pardonne-moi. L’esprit au milieu de ces gens doit être mauvais, sinon, comment cet hypocrite pourrait-il se tenir debout à l’église et prophétiser? »

Bill s’excusa et alla rapidement à son auto. Comme il s’éloignait de Mishawaka, ses pensées rebondissaient dans sa tête autant que sa vieille Ford sur la route. « Seigneur, je ne comprends pas. Comment le vrai Saint-Esprit peut-il tomber en même temps sur cet authentique chrétien et sur cet hypocrite? C’est impossible. Peut-être que je suis séduit, mais, je ne peux pas le voir dans la Bible. Je crois que je devrais laisser ces affaires de ‘langues et les prophéties’ de côté. »

Puis Bill se rappela Marc 16 : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues… » Bill pensa : « Ça aussi c’est l’Écriture. Qu’est-ce que je vais en faire?

Les pièces du puzzle ne voulaient pas s’assembler, alors Billy le laissa là et tourna ses pensées vers toutes les invitations qu’il avait dans sa poche. Son esprit se ressaisit ; son rêve étendait maintenant ses ailes comme l’aigle et volait bien haut au-dessus des nuages, regardant sa future route par anticipation. Billy se rappela ce que le Seigneur lui avait dit le jour où il avait posé la pierre angulaire de son tabernacle : « Fais l’œuvre d’un évangéliste… » Il semblait que Dieu était en train de préparer un chemin pour que cela arrive.

Lorsque Billy arriva chez lui, il se sentait tellement excité, qu’il était prêt à faire ses bagages et à partir le lendemain. Hope sortit à sa rencontre en courant, ses longs cheveux noirs flottant dans le vent. Dès qu’ils s’embrassèrent, Hope ressentit son excitation.

« Bill, pourquoi es-tu si heureux? »

« Chérie, j’ai trouvé l’église la plus fantastique du monde! »

« Où es-tu allé? »

« Près de Mishawaka. Chérie, tu parles d’une église! Ces gens poussent des cris et se réjouissent ; ils n’ont pas honte de leur religion. »

Hope leva les sourcils d’un air sceptique. « Ce ne sont pas des saints comédiens, n’est-ce pas? »

« Je ne sais pas quel genre de comédiens ils sont, mais ils ont quelque chose dont j’ai besoin. J’ai vu un homme de quatre-vingt-dix ans redevenir jeune. Certains parlent des langues inconnues et d’autres interprètent ce qu’ils disent. Et les prédications! Ils prêchent jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de souffle, qu’ils tombent sur leurs genoux, puis ils se relèvent, reprennent leur souffle et continuent à prêcher. Je n’ai jamais rien entendu de pareil dans ma vie. Et regarde ça. » Billy lui montra le papier avec les noms et les adresses. « Tous ces pasteurs veulent que j’aille prêcher pour eux, du Michigan au Texas. Je vais quitter mon emploi, laisser mon église et commencer à prêcher à plein temps pour ces gens. J’ai reçu assez d’invitations pour toute une année. Veux-tu venir avec moi? »

Sans hésiter un instant, Hope lui répondit : « Bill, quand je t’ai épousé, j’ai promis que je serais avec toi jusqu’à ce que la mort nous sépare. Bien sûr que je vais aller avec toi. En outre, si ces gens sont aussi heureux que tu le dis, j’aimerais aussi faire cette expérience. Comment est-ce qu’ils l’appellent? »

« Ils l’appellent le baptême du Saint-Esprit. Allons trouver Jésus de cette manière. »

La prochaine étape consistait à l’annoncer à leurs parents. Lorsque Billy approcha sa mère, Ella lui dit : « Billy, je me souviens d’un rêve que j’ai fait quelques jours après ta conversion. Je t’ai vu debout sur un nuage blanc, prêchant au monde entier. »

Billy se rappelait vaguement qu’elle le lui avait raconté, des années auparavant. Il haussa les épaules : « Je ne sais pas si c’est le monde entier, mais je vais certainement prêcher dans tous les États-Unis. Et, Maman, tu devrais voir à quel point ces gens sont excités à propos de Jésus. Ils n’ont pas honte du tout de crier Son Nom. »

« Il y a longtemps de cela, au Kentucky, on avait ce que l’on appelait les « baptistes à l’ancienne mode ». Ils avaient l’habitude de chanter et crier. C’est une vraie religion du cœur, Billy. »

« Je crois à la religion qui vient du cœur. »

Elle lui tapota le bras. « Je sais, Billy. Et je crois que Dieu va te bénir. »

Cependant, ce fut une autre histoire lorsqu’ils allèrent annoncer la nouvelle à la mère de Hope.

  1. et Mme Brumbach étaient maintenant séparés. Charlie Brumbach avait déménagé à Fort Wayne, en Indiana, et Mme Brumbach demeurait toujours chez elle à Jeffersonville. Assis sur la galerie avec Hope et sa mère, Bill dit : « Mme Brumbach, j’ai trouvé un merveilleux groupe de

 

 

gens. Hope et moi envisageons d’aller chez eux. » Puis il lui raconta ce qui s’était passé à Mishawaka.

Mme Brumbach fronça les sourcils. « William, je voudrais que tu comprennes que je ne permettrai jamais à ma fille d’aller avec de la racaille de saints comédiens. »

« Oh, mais Mme Brumbach, ce sont les gens les plus heureux du monde. Ils n’ont pas honte de leur religion. J’aime cela. »

« Racaille », insista-t-elle. « William, pourquoi ne restes-tu pas avec ton église jusqu’à ce qu’elle soit payée. Ensuite, achète-toi un presbytère et agis comme quelqu’un qui a du bon sens. Crois-tu que je pourrais être heureuse en sachant que ma fille est trimbalée à travers le pays? Un jour elle mange et le lendemain pas, n’ayant même pas de vêtements de rechange ou une jolie robe à porter? »

« Mme Brumbach, ceci n’a rien à voir avec une robe. Le fait est que je sens que le Seigneur veut que je le fasse. »

« Non, je ne permettrai jamais à ma fille d’aller avec une telle racaille. » Mme Brumbach se retourna et jeta un regard accusateur à Hope. « Et si elle le fait, sa mère descendra dans la tombe le cœur brisé. »

Hope haleta. « Maman, tu le penses vraiment? »

« C’est exactement ce que je pense. »

Hope se mit à pleurer. Bill mit son bras autour de ses épaules. « Mme Brumbach, c’est ma femme. »

« Mais, c’est ma fille! »

Bill dit : « Oui, madame. » Il se leva et se dirigea vers l’auto.

Hope courut après lui : « Billy, peu importe ce que dit Maman, je veux rester avec toi. »

« Oh, c’est en ordre. Oublions tout ça. »

« Mais, Bill, si tu sens que Dieu veut que tu y ailles, alors tu devrais y aller. »

Bill soupira : « Chérie, je me sens pris entre deux feux. Je ne veux pas blesser ta mère. Que ferions-nous si quelque chose lui arrivait pendant que nous sommes sur la route? Tu passerais le reste de tes jours à te demander si tu n’as pas brisé le cœur de ta mère. Mettons cela de côté pour le moment. »

C’est ainsi que Bill ignora le premier appel de Dieu pour évangéliser dans tout le pays. Ce fut la pire erreur de sa vie ; une erreur qui allait bientôt avoir des conséquences désastreuses.

Jules Pierre Moune

Éditeur de La Plateforme, Il peut Publier et supprimer un Article.

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