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Chapitre 72: L’opossum mourant (1955)

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Chapitre 72: L’opossum mourant (1955)

A SON RETOUR DE SUISSE, William Branham trouva une montagne blanche de courrier l’attendant à son bureau à Jeffersonville. Ceci n’était pas surprenant. Chaque fois qu’il partait, son courrier s’empilait telle une chute de neige incessante. Ses deux secrétaires, M. et Mme Cox, pouvaient en traiter la plus grande partie sans nécessiter l’attention directe de Bill. La majorité de ces lettres venaient de gens demandant des tissus de prière. Bill se rendait alors dans sa grotte à Tunnel Mill et passait l’après-midi à prier sur un rouleau de ruban blanc. M. et Mme Cox coupaient ensuite le ruban en bandes de six pouces [15,24 cm] de long et les postaient gratuitement à quiconque en faisait la demande. Plusieurs lettres contenaient des témoignages de miracles et de guérisons qui s’étaient produits pendant ses campagnes ou après avoir reçu un tissu de prière. Ces lettres ne nécessitaient pas de réponse.

Mais il y avait d’autres lettres qui requéraient l’attention personnelle de Bill. En ce moment, il y avait des télégrammes et des lettres provenant de 400 villes importantes à travers le monde, lui demandant de tenir des campagnes de guérison dans leur région. Il ne pouvait évidemment accommoder qu’une petite fraction de ces requêtes. Il incluait chacune d’entre elles dans ses prières et demandait à Dieu de le guider aux endroits où il devait aller. Ses méthodes rendaient difficile la tâche de planification de ses gérants. Ils préféraient planifier le calendrier de ses réunions au moins six mois à l’avance. Mais il voulait être plus flexible afin de pouvoir suivre la conduite du Saint-Esprit jusqu’à la dernière minute. Il devait passer la première fin de semaine du mois d’août à Campbellsville, au Kentucky. Il avait ensuite une semaine pour se préparer pour son voyage en Allemagne. Sa campagne à Karlsruhe, en Allemagne, devait commencer le 15 août.

Chaque semaine, Bill recevait aussi des douzaines d’appels téléphoniques, des télégrammes et des lettres de gens lui demandant de venir prier pour eux personnellement. S’ils envoyaient une lettre, ils joignaient habituellement un billet d’avion aller-retour à leur requête. Il lui était impossible de voyager et de prier pour tous ces gens personnellement. S’il essayait, ce serait là tout ce qu’il ferait de son temps. Il priait cependant pour chacune de ses personnes en lisant les lettres ou télégrammes et il était toujours ouvert à la possibilité que Dieu le dirige à faire un voyage particulier.

Un jour, il était assis dans son bureau lorsque les murs autour de lui disparurent. Il se retrouva debout sur le trottoir d’une rue en ville. Aucune des maisons qui l’entouraient ne lui semblait familière. La porte d’une maison blanche s’ouvrit et un homme tenant un attaché-case en sortit. L’homme descendit le sentier, ouvrit le portail de la palissade, traversa le trottoir en face de Bill, monta dans une voiture grise et s’en alla.

Quelque part derrière lui, il entendit la voix de l’ange du Seigneur disant : «Regarde de l’autre côté du portail.» Ouvrant le portail, Bill vit une binette près d’une plate-bande fleurie. L’ange dit : «Va à la porte. Tu rencontreras une femme portant un veston brun qui sanglote parce qu’elle est si inquiète à propos de son garçon malade. Demande à voir le garçon. Elle t’emmènera dans une chambre. Lorsque tu poseras ton chapeau sur le lit, elle le prendra et le mettra sur le poste de télévision. Attends qu’une femme portant un chandail rouge entre dans la chambre et s’assoit à côté du lit. Lorsque les deux femmes seront dans la chambre, impose les mains au garçon et dit : “ainsi ditle Seigneur : tu es guéri.”»

La scène changea ensuite abruptement. Il semblait maintenant se tenir sur la rue, regardant à travers la vitrine d’un bazar. Une grosse horloge très caractéristique était accrochée à un mur du magasin. Bill entendit ensuite un grincement rythmique. Se tournant pour en découvrir la source, il vit une infirmière qui poussait un homme en fauteuil roulant aux roues grinçantes. L’homme avait une Bible sur ses genoux. L’ange dit : «Remarque l’heure.» Bill leva les yeux sur l’horloge et nota qu’il était 3 h moins dix [14 h 50]. L’ange dit ensuite : «Dis à l’homme de se lever et de marcher.» La vision se termina à ce moment et Bill se retrouva de nouveau dans son bureau.

Comme la plupart de ces visions, celle-ci lui fit une profonde impression. Sachant qu’elle pourrait s’estomper comme la plupart de ses souvenirs, la première chose qu’il fit fut d’écrire chaque scène dans son livre de visions.

Trois jours plus tard, alors qu’il lisait son courrier, une lettre le toucha d’une manière différente de toutes les autres. Un homme de Denver, au Colorado se mourait de la tuberculose et voulait que Bill prenne l’avion pour Denver et vienne prier pour lui le plus tôt possible. Même si cette lettre était similaire à des douzaines d’autres qu’il avait lues au cours des derniers trois jours, cette fois-ci le Saint-Esprit dans son cœur lui dit : «Vas-y!»

Il prit donc l’avion pour Denver, héla un taxi, se rendit chez l’homme en question et pria pour lui. Comme il restait plusieurs heures avant le départ du prochain avion pour Louisville, au Kentucky, Bill décida de marcher jusqu’au centre-ville. Après avoir marché une distance de plusieurs pâtés de maisons dans un quartier résidentiel, il entendit une porte s’ouvrir et vit un homme portant un attaché-case sortir d’une maison blanche. Une femme à l’intérieur de la maison dit : «Au revoir, docteur.»

«Comme c’est étrange,» pensa Bill. «J’ai l’impression de l’avoir déjà vu quelque part.» Le docteur ouvrit le portail de la palissade blanche, entra dans une berline Ford grise et s’en alla. Cette scène réveilla un souvenir enfoui dans la mémoire de Bill. Il se rendit à la palissade et en ouvrit le portail. Une binette était posée sur le sol près d’une plate-bande, exactement comme il l’avait vu dans la vision il y avait quelques jours. Il frappa à la porte de la maison. Une jeune femme entrebâilla la porte juste assez pour voir à l’extérieur. Elle portait un veston brun, tout comme l’ange l’avait dit. Ses yeux étaient humides et rougis.

«Bonjour,» dit Bill en enlevant son chapeau. «Avez-vous un petit garçon malade?»

Elle fronça les sourcils. «Oui. Êtes-vous médecin?»

«Non, madame, je suis un prédicateur. Mon nom est Branham.»

«Je ne crois pas vous reconnaître, M. Branham.»

«Je suis un étranger dans cette ville. Mon ministère est de prier pour les malades et le Seigneur m’a guidé jusqu’à votre maison. Puis-je voir votre fils?»

Elle y réfléchit un moment puis ouvrit la porte en haussant les épaules, comme pour dire : «Pourquoi pas?» Il la suivit jusque dans une chambre où un petit garçon grelottait sous une pile de couvertures. Bill déposa son chapeau sur l’édredon, juste aux pieds du garçon. Au lieu de prendre le chapeau et de le poser sur le poste de télévision, la jeune femme s’assit sur une chaise près du lit. Bill pensa : «Je ne peux pas rien dire à propos de la vision. Je vais devoir attendre que tout soit en place.» Il demanda donc à la mère ce qui n’allait pas avec son garçon.

«Il fait une pneumonie. Le médecin dit que c’est très sérieux.»

Ils discutèrent de la maladie du gamin pendant plusieurs minutes puis la mère prit le chapeau de Bill et le posa sur le téléviseur. Bill pensa : «Bon, cette partie-là est terminée mais je ne peux toujours pas prier pour le garçon.» Après un moment, une femme plus âgée portant un chandail rouge entra dans la pièce et s’y assit. Au même moment, la mère se leva et quitta la pièce! Bill attendit patiemment en bavardant avec la grand-mère jusqu’à ce que la mère revienne finalement dans la chambre et que tout soit en place comme dans la vision.

Bill dit : «Levez-vous, toutes les deux.» Il se leva aussi. Marchant jusqu’à la tête du lit, il imposa les mains sur l’enfant et dit : «Ainsi dit le Seigneur : “Tu es guéri.”»

Le garçon appela sa mère en lui tendant les bras. Elle s’assit sur le bord du lit en le serrant contre elle en appuyant sa joue contre son front. Elle leva les yeux avec surprise. «Sa fièvre est tombée.»

Bill retourna dans la rue et chercha un taxi en vain. Comme il était un peu inquiet de manquer son avion, il marcha rapidement jusqu’au centre-ville, essayant de trouver une intersection plus achalandée afin de héler un taxi. Il arriva éventuellement devant une rangée de magasins qui lui sembla être un bon endroit pour attendre un taxi. Il entra dans un bazar pour s’acheter une friandise. En attendant à la caisse, il remarqua une horloge très caractéristique accrochée à un mur. Il était 3 h moins dix [14 h 50]. Il savait qu’il était au bon endroit au bon moment. Aussitôt qu’il sortit du magasin, il entendit le grincement attendu. Une infirmière poussait un homme en fauteuil roulant sur le trottoir. Comme dans la vision, l’homme avait une Bible sur les genoux.

Marchant vers l’infirme, Bill demanda : «Croyez-vous en ce Livre?»

L’homme répondit d’une voix ferme : «Oui, monsieur, j’y crois.»

«C’est bien, parce que ce Livre contient les paroles de la vie éternelle. Y avez-vous déjà lu où Jésus guérissait les malades?»

«Plusieurs fois.»

«Croyez-vous qu’Il peut faire la même chose pour vous aujourd’hui?»

«Oui, monsieur.»

«Alors dans le Nom du Seigneur Jésus-Christ, levez-vous sur vos pieds parce qu’ainsi dit le Seigneur : “Vous êtes guéri.”»

L’homme transféra son poids vers l’avant, agrippa les bras de son fauteuil roulant et essaya de se lever. Surprise, l’infirmière mit sa main sur son épaule et le rassit en protestant : «Vous ne pouvez pas vous levez, vous pourriez vous blesser.»

«Levez-vous,» insista Bill. «Je vous en donne ma parole.»

«Qui êtes-vous?» demanda l’homme.

«Cela n’a pas d’importance. Levez-vous, monsieur, dans le Nom du Seigneur.»

L’homme repoussa la main que l’infirmière avait posée sur son épaule et se leva. Alors il ne fit pas que marcher, il se mit à courir. Au même moment, un taxi tourna le coin et s’approcha d’eux. Bill fit signe au chauffeur d’arrêter et il se retrouva bientôt en route vers l’aéroport.

Le lendemain, il se rendit à la bibliothèque municipale de Jeffersonville pour lire le journal de Denver. Il trouva l’article qu’il cherchait : «La guérison mystérieuse d’un homme sur la rue.» Personne à Denver ne savait ce qui c’était réellement passé. Et Bill ne voyait pas la pertinence de leur donner des explications non plus.

APRÈS SA CAMPAGNE de guérison en Suisse, en juin 1955, William Branham passa près de six semaines à la maison avec sa famille. Les seules fois où il prêcha furent lors d’une campagne d’une fin de semaine à Campbellsville, au Kentucky, et quelques dimanches dans son église locale. Orman Neville, qui était l’assistant pasteur au Branham Tabernacle, lui laissa la chaire avec empressement afin qu’il s’adresse à l’assemblée. Bill avait essayé de donner sa démission, en tant que pasteur, en 1946 lorsqu’il avait commencé son ministère d’évangéliste à temps plein, mais sa congrégation n’avait pas voulu l’accepter. Ils le considéraient toujours comme leur pasteur, même s’il ne prêchait à Jeffersonville qu’occasionnellement. Au cours des années, Bill avait appris à accepter cet arrangement comme un signe de l’amour et du respect qu’ils lui portaient. Pour le moment, comme il désirait mettre plus d’emphase sur l’enseignement, cela signifiait qu’il avait une chaire où il pouvait enseigner en profondeur. Même s’il avait commencé à prêcher plus de doctrine lors de ses campagnes de guérison, il se sentait néanmoins restreint quant à ce qu’il pouvait dire et à la profondeur des sujets qu’il abordait. Chez lui, au Branham Tabernacle, il pouvait enseigner de la doctrine aussi longtemps et aussi profondément que le temps le permettait.

Le dimanche 24 juillet 1955, il prêcha sur la démonologie. Il utilisa plusieurs Écritures pour expliquer comment les esprits démoniaques peuvent affecter la vie des gens et il illustra ces points avec des exemples tirés de ses propres expériences avec les démons dans ses services de prière. Il titra son sermon «Les esprits séducteurs.»

Avant de débuter son sermon, il présida un court service de consécration, priant pour plusieurs bébés, les consacrant au Seigneur. Il ne croyait pas au baptême des bébés. Il enseignait plutôt que les âmes des enfants étaient en sécurité en Christ jusqu’à ce que ceux-ci soient assez âgés pour être responsables de leurs choix. L’apôtre Pierre dit : «Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé dans le nom de Jésus-Christ pour a rémission de vos péchés et vous recevrez le don du Saint-Esprit.»[117] Le baptême est un acte public conscient que font les nouveaux convertis, témoignant qu’ils se sont détournés de leurs péchés pour suivre Jésus-Christ. Comme les bébés n’ont pas la capacité de se repentir, ils ne devraient pas être baptisés. Bill encourageait toutefois les familles chrétiennes à amener leurs enfants à l’église et à laisser un ministre prier pour eux, demandant les bénédictions de Dieu sur ces jeunes vies. Il cita le passage dans Marc 10:13-16 où Jésus dit : «Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchezpas; car le royaume de Dieu est pour leurs semblables… Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains.» Un des bébés que Bill consacra au Seigneur ce matin-là était son propre fils, Joseph.

MÊME SI WILLIAM BRANHAM prit congé de son horaire chargé d’évangéliste cet été-là, son temps passé à la maison fut tout sauf reposant. Des étrangers voulant qu’il prie pour eux venaient chez lui à toutes heures du jour ou de la nuit. Parce qu’il avait des visions, les gens le considéraient comme un prophète et croyaient que s’ils pouvaient s’asseoir dans son salon et lui raconter leurs problèmes, Dieu lui donnerait un «Ainsi dit le Seigneur» les concernant. Ils avaient raison, mais dans leur empressement à recevoir un message de Dieu, ils ne réalisaient pas la pression que ces entrevues mettaient sur le messager.

La plupart des gens de sa congrégation le comprenaient et certains d’entre eux essayaient d’alléger le fardeau de leur pasteur de quelque façon que ce soit. Un jour de juillet, Banks Wood, qui habitait à côté, tondit la pelouse de Bill. Tôt le lendemain matin, Banks et sa femme traversèrent leur propriété pour râteler les mottes d’herbe dans la cour de Bill avant que le soleil ne soit trop chaud. Vers 10 h, Bill sortit pour remercier ses voisins. Pendant qu’ils bavardaient, Leo Mercer et Gene Goad arrivèrent. Bill les appelait ses «élèves» en plaisantant. Comme Banks Wood et Willard Collins, Leo et Gene avaient déménagé à Jeffersonville pour être près de William Branham et son ministère. Lorsque Bill voyageait, Leo et Gene l’accompagnaient souvent pour enregistrer ses réunions. Ils faisaient ensuite des copies qu’ils distribuaient, à prix modeste, au nombre croissant de gens qui en faisaient la demande.

Leo, Gene et Mme Wood parlaient avec Bill dans la cour. Banks mit bientôt son râteau de côté et vint les rejoindre. La conversation tourna vers un meurtre local qui s’était produit quelques jours plus tôt. Une jeune femme avait étouffé son nouveau-né dans une couverture, avait ligoté le paquet avec de la broche et avait jeté le bébé mort dans la rivière Ohio. Bill se servait de cette tragédie pendant ses campagnes pour illustrer le déclin de la moralité en Amérique du Nord. On aurait dit que les choses allaient de mal en pis à chaque année. Malheureusement, cette déchéance s’était aussi glissée dans les églises.

Ce déclin était particulièrement remarquable chez les femmes. Bill était étonné de voir combien de femmes chrétiennes avaient abandonné leur héritage féminin pour adopter des traits masculins, comme de se couper les cheveux, porter des pantalons et même prêcher la Parole derrière la chaire, en contradiction avec la Parole de Dieu.[118] Chaque année, encore plus de femmes chrétiennes prenaient la mauvaise direction. Elles copiaient les modes scabreuses du monde et essayaient d’être attrayantes en se maquillant et en portant des vêtements indécents comme des robes moulantes et étriquées, des shorts et même des maillots de bain, qui ne sont en fait que des sous-vêtements colorés. Ce changement de valeurs affectait aussi les enfants. Au lieu de mères enseignant la décence et la sainteté à leurs enfants, elles leur enseignaient, par l’exemple, l’indécence et l’impiété. Pire encore, plusieurs chrétiens ne savaient pas que ces choses attristaient le Saint-Esprit.

Jusqu’à récemment, il n’avait pas dit grand-chose à ce propos dans ses sermons, sentant que c’était la responsabilité des pasteurs de corriger leur congrégation. Mais trop de pasteurs ne prêchaient pas contre la mondanité et les choses charnelles. Bill sentait que quelqu’un devait le faire. Si les pasteurs ne prêchaient pas contre ces choses, alors il le ferait. Les gens devaient savoir la différence entre le bien et le mal. Les standards de l’église devraient être élevés si les chrétiens voulaient être l’Épouse de Jésus-Christ.

Pendant qu’il parlait, Bill remarqua un opossum qui avançait péniblement dans sa cour en direction de la maison. Ceci était étrange. Quoique les opossums soient une espèce commune dans le sud de l’Indiana, ils rôdent de nuit et ne voyagent jamais de jour à moins que quelque chose ne les dérange. À la lumière du jour, ils sont pratiquement aveugles. Que faisait-il là alors? Les opossums se méfiaient des humains. Peut-être avait-il la rage? Il l’étudia attentivement. D’où il était, il lui sembla être normal. Un peu plus gros qu’un chat, il avait un pelage de poils drus grisâtres et blancs, la face recouverte de fins poils blancs, un museau allongé, de petites oreilles dénuées de poils et une queue semblable à celle d’un rat.

Comme il s’approchait, Bill remarqua qu’il boitait et qu’il traînait une de ses pattes antérieures. Bill fit un pas vers l’animal. L’opossum n’arrêta pas à son approche, mais il avançait si lentement que Bill pouvait l’étudier aisément. Il voyait maintenant qu’une vilaine blessure défigurait le côté qu’il ne pouvait pas voir lorsqu’il était plus éloigné. Peut-être s’était-il fait frapper par une voiture ou mordiller par un chien. Peu importe ce qui s’était produit, son épaule était broyée et le sang coulait d’une blessure qui remontait jusqu’à son oreille. Sa patte était probablement cassée. De petites mouches vertes bourdonnaient autour de la plaie ouverte et la chair rose était couverte de vers.

Prenant le manche d’un râteau, Bill tourna l’opossum sur le côté pour voir l’ampleur des dégâts. Normalement, dans une telle situation, l’opossum aurait fait le mort mais celui-ci se mit à grogner et à mordre le manche de son râteau. C’est à ce moment-là que Bill vit qu’elle était une mère essayant de protéger ses petits. L’opossum transporte ses bébés dans une poche sur son ventre, comme le kangourou. Cette mère était tellement faible que les muscles de son ventre ne pouvaient pas garder la poche fermée. Bill compta huit minuscules bébés qui gigotaient à l’intérieur de la poche.

«Gene, Leo, venez ici, je vais vous enseigner une leçon. Vous voyez cette mère opossum? Elle n’est peut-être qu’une bête stupide, mais je crois qu’elle est une vraie dame. Elle a plus d’instinct maternel que beaucoup de femmes aujourd’hui, beaucoup plus que cette femme qui a jeté son bébé dans la rivière. Cette femme considérait son bébé comme un fardeau alors elle l’a tué afin de faire la tournée des bars et se payer du bon temps. Considérez maintenant cette mère opossum. Il ne lui reste probablement plus que quelques heures à vivre, pourtant, elle déploiera le reste de ses forces à protéger ses petits.»

Aussitôt que Bill cessa de la retenir avec le râteau, la mère opossum se redressa tant bien que mal et boitilla jusqu’à la maison de Bill où elle s’écroula près des marches du porche.

Mme Wood dit : «Frère Branham, vous devriez la tuer et la sortir de sa misère. Vous allez devoir tuer les bébés aussi. Ils sont trop petits pour que vous puissiez les nourrir.»

Bill secoua la tête. «Sœur Wood, je ne le peux pas.»

«Pourquoi?» demanda-t-elle. «Vous êtes un chasseur. Vous avez tué beaucoup de gibier.»

«Oui, je suis un chasseur, mais je ne tue que les animaux que je peux manger ou dont je peux me servir. Il m’est arrivé parfois de tuer un animal qui en détruisait un autre. Je ne tue jamais juste pour tuer.»

«Ceci ne serait pas une mort inutile. Cet opossum succombera de toute façon et tous ses petits mourront de faim. De les tuer est la seule chose miséricordieuse à faire.»

«Je sais que vous avez raison, sœur Wood, mais pour une raison que j’ignore, je ne peux pas me décider à le faire.»

«Alors laissez Banks les amener et les tuer.»

«Non,» dit Bill, «laissons-les où ils sont pour le moment.»

La mère opossum demeura donc là toute la journée, suffocant sous le soleil de juillet. Tous ceux qui vinrent pour une entrevue ou pour recevoir la prière la remarquèrent et s’enquirent à son sujet. Bill la secoua légèrement avec un bâton plusieurs fois dans le courant de la journée pour savoir si elle était toujours en vie. Elle grogna à chaque fois mais ne fit aucun effort pour bouger, pas même après que Bill eut mis de l’eau et de la nourriture près d’elle. Il versa de l’eau sur sa blessure une fois, pour chasser les mouches, mais celles-ci revinrent immédiatement.

Ce soir-là, Banks Wood frappa à sa porte et dit : «Frère Branham, vous avez assez travaillé pour aujourd’hui. Pourquoi ne viendriez-vous pas faire une promenade en voiture avec moi pour vous reposer un peu?» Bill accepta volontiers.

Ils passèrent les quelques heures suivantes à se promener dans la campagne, admirant les forêts et les champs de maïs, les maisons et les fermes, tout en parlant de la bonté de Dieu. Lorsque Bill revint chez lui vers 11 h [23 h], il donna un petit coup à la mère opossum pour voir si elle avait finalement succombé. Elle poussa un faible grognement et frissonna.

Ce grognement le hanta toute la nuit. Il fit les cents pas pendant plusieurs heures en pensant à elle. Un peu plus tard, son grognement se glissa même dans ses rêves. Tôt le lendemain matin, il sortit sur le porche et la secoua doucement avec son pied. Cette fois-ci, sa jambe arrière remua mais elle ne fit aucun autre mouvement. Elle n’ouvrit même pas les yeux. Bill savait qu’il ne lui en restait plus longtemps à vivre. Il retourna dans la maison et s’assit dans son bureau. Se frottant le visage, il pensa : «Je vais devoir m’occuper de cette opossum d’une façon ou d’une autre. Que devrais-je faire?»

Sortant de nulle part, une voix lui dit : «Hier, tu l’as appelée une dame et l’as même utilisée comme exemple dans un sermon. Tu as fait son éloge, disant qu’elle était une vraie mère.»

«Oui, c’est juste,» répondit Bill. «Et alors?»

«Elle s’est allongée au seuil de ta porte comme une vraie dame, attendant patiemment son tour pour la prière.»

«Bien, je ne savais pas. Je…» Bill se raidit. Ses yeux firent le tour de la pièce et il se demanda : «Que ce passe-t-il? À qui suis-je en train de parler? Je répondais à quelqu’un.»

Il entendit clairement une voix dire : «Je l’ai envoyée chez toi pour recevoir la prière. Elle a attendu sur le pas de ta porte pendant près de 24 heures et tu n’as toujours pas prié pour elle.»

Inclinant la tête, Bill pria : «Cher Seigneur, est-ce Toi qui me l’as envoyée? Pardonne ton serviteur stupide de ne pas avoir compris.» Il pouvait maintenant le voir parfaitement. Cette opossum ne pouvait venir que du boisé qui se trouvait à environ 150 verges [130 m] en haut de la rue. Pour se rendre chez lui, elle avait d’abord dû se traîner devant quatre autres maisons, toutes plus près de la rue que la sienne et toutes sans clôture. Sa cour était la seule qui était clôturée, et pourtant, elle s’était traînée le long de son entrée de cour, refusant de s’arrêter jusqu’à ce qu’elle eut atteint sa porte. Dieu devait certainement l’avoir guidée.

Sortant à l’extérieur à grandes enjambées, il se plaça près de la mère opossum, leva ses mains dans les airs et pria : «Père Céleste, je sais que Tu conduits Tes enfants à recevoir la prière lorsqu’ils sont malades. Je sais aussi que Tu te soucies même des moineaux. [119] Si ton Saint-Esprit a guidé cet animal sans intelligence jusqu’ici pour recevoir la prière, pardonne-moi d’avoir été trop stupide pour m’en rendre compte. Je te prie, Père Céleste, de guérir cette vaillante mère dans le Nom de Jésus-Christ.»

Dès qu’il eut mentionné Jésus, la mère opossum leva la tête et regarda Bill droit dans les yeux. L’instant d’après, elle se retourna, rassembla ses petits et les remit dans sa poche ventrale. Elle se leva ensuite et fit quelques pas chancelants. Elle semblait prendre des forces à chaque pas et descendit l’allée précipitamment sans le moindre boitillement. Lorsqu’elle eut atteint le portail, elle s’arrêta près d’un des piliers en forme de pyramide et jeta un coup d’œil vers Bill, comme pour dire : «Merci, gentil monsieur.» Elle tourna ensuite à gauche et remonta hâtivement la rue jusqu’à la sécurité du boisé.

En racontant cette histoire plus tard, Bill dit : «Si Dieu se soucie assez de Sa création pour avoir pitié d’un opossum ignorant, à combien plus forte raison se soucie-t-Il de Ses fils et de Ses filles qui sont dans le besoin. La puissance de Satan est limitée. La puissance de Dieu est illimitée.

[117] Actes 2:38

[118] 1 Corinthiens 11:1-15; Deutéronome 22:5; 1 Timothée 2:9-15, respectivement

[119] Matthieu 10:29-31; Luc 12: 6-7

Jules Pierre Moune

Éditeur de La Plateforme, Il peut Publier et supprimer un Article.

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