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Chapitre 84: L’accomplissement des visions des contrées sauvages (1961)

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L’accomplissement des visions des contrées sauvages
Chapitre 84
1961

VERS LE PREMIER JUIN 1961, William Branham retourna chez lui à Jeffersonville. Habituellement, ses aventures en régions sauvages lui permettaient de se détendre, mais cette année, son voyage de chasse en Colombie-Britannique, à la fin du printemps, l’avait laissé plutôt déprimé. Il y avait plusieurs raisons pour expliquer cette dépression. En effet, après s’être adressé aux membres de l’Association des ministres de Chicago, une prodigieuse vague d’humilité et d’amour avait envahi tout l’auditoire et soixante-dix ministres de l’évangile lui avaient dit qu’ils viendraient à Jeffersonville pour se faire baptiser dans le nom de Jésus-Christ. Mais, plus d’un mois s’était déjà écoulé sans qu’aucun ne soit venu, ni même appelé pour s’expliquer. Il ne pouvait que supposer qu’ils avaient changé d’idée, peut-être suite aux pressions exercées par leurs supérieurs.

Or cette affaire de l’Association des ministres de Chicago n’était qu’une des causes de son découragement. Les rumeurs qui couraient voulant qu’il soit lui-même Jésus-Christ, le troublaient bien davantage. Il avait dû faire face à cette rumeur pour la première fois, l’année précédente, lors d’un voyage de pêche avec des frères chrétiens qui lui avaient demandé, à son grand étonnement, s’il n’était pas le Christ, le Messie Oint. Bien entendu, il leur avait répondu que non et les avait prévenus qu’ils pouvaient causer la ruine de son ministère s’ils propageaient un tel mensonge. Il avait espéré que cela se serait arrêté là, mais les rumeurs circulaient qu’il y avait d’autres personnes qui croyaient la même chose. Lorsqu’il pria à ce sujet, le Seigneur le dirigea vers Luc 3:15 où il put lire : «Comme le peuple était dans l’attente, et que tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ… «Bill voyait bien la similitude, mais comme il ne savait pas comment mettre fin à ce concept erroné, de telles rumeurs finissaient par le tracasser.

Un soir à Dawson Creek, Bill causait tout bonnement avec des gens après la réunion, lorsqu’un homme vint le voir pour lui confesser ses péchés. Comme Bill ne comprenait pas ce qu’il voulait dire, l’homme prit son porte-monnaie et en sortit une carte sur laquelle on pouvait lire l’inscription suivante : «William Branham est mon Seigneur». Sidéré, Bill l’interrogea pour voir s’il ne s’agirait pas là d’une blague. Cet incident l’ébranla tellement qu’il fut saisi de tremblements pendant plusieurs jours. Il ne parvenait pas à écarter la pensée que ce serait une véritable tragédie d’avoir travaillé si fort, pendant tant d’années, pour l’honneur et la gloire de Jésus-Christ et qu’on finisse par se souvenir de lui comme étant l’antéchrist. Un dénouement aussi effroyable était une pensée trop difficile à supporter. Ne serait-il pas préférable de mourir maintenant plutôt que de permettre à cette hérésie de se propager? Lorsqu’il était arrivé à la cabane de Bud Southwick, un peu plus au nord, il considérait l’idée d’avoir un «accident de chasse». Puis il se souvint de son garçon de six ans et se ravisa.

Maintenant qu’il était de retour à la maison, sa détresse ne faisait que s’accentuer. Il apprit que deux hommes qui fréquentaient le Branham Tabernacle disaient la même chose que ce pauvre homme bercé d’illusions, là-bas, à Dawson Creek. Y avez-vous pensé? Deux hommes de sa propre congrégation qui croyaient qu’il était le Christ! Comment cela se pouvait-il? Ils avaient pourtant dû l’entendre prêcher que Jésus-Christ était la Divinité suprême. Ils avaient pris le messager pour le message ; ou plus exactement, ils avaient pris un fils d’homme pour le Fils de l’Homme. Leur sottise lui crevait le cœur au-delà de ce qu’il pouvait endurer. Une mesure radicale s’imposait, même si cela voulait dire qu’il doive quitter son ministère à jamais. Il ferma son bureau, mit sa maison en vente et annula toutes les prédications qu’il s’était engagé à faire pour le reste de l’année. Puis il dit à tout le monde de ne plus l’approcher et de le laisser tranquille.

Pendant toute une semaine, il n’avait fait que trembler nerveusement et pleurer, aux prises avec une angoisse spirituelle tellement atroce qu’il pensait en perdre la raison. Son seul réconfort lui vint le vendredi 9 juin 1961, lorsque Dieu lui donna une vision. Il vit les deux hommes de son église jouant avec un petit serpent noir et jaune au bord d’un étang. Bill s’approcha d’eux pour les avertir qu’il s’agissait d’un serpent venimeux. Soudainement, le serpent s’élança vers lui et lui mordit la jambe. Il recula rapidement et examina la blessure. En découvrant sa jambe, il vit que juste à côté d’une autre morsure de serpent, du sang suintait maintenant des deux perforations que les crochets du petit serpent venaient de lui infliger. Au début, cela l’inquiéta. Puis il réalisa que son sang était tellement épais que le poison ne parvenait pas à l’affecter. Saisissant son fusil, il lui tira une balle qui, se logeant à mi-corps, provoqua une frénésie de contorsions. Bill voulait le tuer, mais il avait de la peine à centrer son tir sur la tête du serpent qui se tortillait follement.

Un des hommes lui dit alors : «Ne prends pas ton fusil, prends plutôt ce bâton-là.»

Comme Bill tendait la main pour saisir le bâton, le serpent se glissa dans l’eau et disparut dans les roseaux qui bordaient l’étang. Bill dit alors : «Maintenant ces frères réaliseront à quel point ce serpent était dangereux ; mais il ne pourra plus faire grand tort puisqu’il a reçu une blessure mortelle.»

Le dimanche matin, il raconta la vision à sa congrégation. Puis il leur dit : «Je me suis toujours efforcé d’être un véritable serviteur pour mon Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ. Bien que j’aie fait des erreurs, je l’aime profondément, là dans mon cœur. J’ai toujours voulu que mon ministère soit irréprochable. Mais voilà qu’une hérésie a pris naissance parmi vous, me forçant à quitter le ministère. Certains d’entre vous m’ont retiré mon statut de frère ou de ministre et m’ont affublé du titre de Jésus-Christ. Ne réalisez-vous pas que je serais alors étiqueté comme étant l’antéchrist? Sachez que je préfèrerais rencontrer mon Dieu à titre de lâcheur, plutôt que d’avoir à le rencontrer à titre d’antéchrist! J’ai reçu des lettres et des appels téléphoniques de divers endroits me demandant si je croyais être le Christ. Mes frères, ce n’est qu’un horrible et scandaleux mensonge impie du Diable! Je suis votre frère.»

«J’espère bien que cette erreur aura reçu une blessure mortelle aujourd’hui et qu’elle mourra rapidement afin que je puisse reprendre mon ministère. En attendant, je vous demande tous de prier pour moi. Si jamais vous avez cru en moi en tant que serviteur de Christ, rappelez-vous que c’est Ainsi dit le Seigneur : “Cette affaire est fausse.” C’est du malin. Ne participez aucunement à cette affaire. Je suis votre frère.»

Le lundi matin, ces deux hommes vinrent voir Bill à la maison pour lui présenter leurs excuses. Cela lui apporta suffisamment de soulagement et de réconfort pour lui permettre de rouvrir son bureau et de retirer sa maison du marché immobilier. Cependant, il ne remit aucun rendez-vous de prédication à l’horaire, préférant attendre de voir comment le Seigneur le dirigerait à ce sujet.

Quelques semaines plus tard, Dieu lui montra une autre vision. Dans celle-ci, il se tenait à flanc de montagne, à une altitude juste au-dessus de la zone boisée, regardant au loin vers un panorama de vallées profondes et de pics élevés. Il vit un gros cervidé debout sur une pente couverte de schistes. Il n’arrivait pas à identifier l’animal. Ce ne pouvait pas être un orignal, car ceux-ci ont des bois larges et plats. Cet animal-ci ressemblait plutôt à un wapiti ou à un caribou, mais sa robe était brun chocolat. À ce jour, il n’avait vu que des caribous à la robe gris navire de guerre. Son panache était particulier, lui aussi. Généralement, les bois du wapiti se ramifient en de nombreuses dagues disposées tout le long du rameau central, tandis que les ramures des caribous et des rennes en comportent, non seulement beaucoup moins, mais celles-ci se retrouvent habituellement au sommet du panache. Au lieu de se terminer en dagues pointues comme le panache du wapiti, celui du caribou se termine en palettes plus épaisses, plus particulièrement évidentes lorsqu’on observe les andouillers frontaux, dits de massacre, qui pointent vers l’avant. Dans cette vision, le panache de l’animal se terminait en dagues pointues comme celui du wapiti, mais ses ramures étaient aplaties, ressemblant davantage au panache du caribou. Bill n’avait jamais vu un tel animal. Dans cette vision, il avait réussi à se rapprocher de l’animal brun foncé et à le tuer à courte portée. Puis en regardant avec ses jumelles vers la région boisée, il avait vu un homme qui portait une chemise à carreaux verts et beiges, mais il était trop loin pour qu’il puisse le reconnaître. Se frayant un chemin au pied de la montagne, il vit un énorme grizzly argenté. L’ours l’avait attaqué et Bill l’avait tué avec une carabine de petit calibre. Puis la vision était brusquement revenue au grand cervidé au panache particulier. Bill vit un ruban à mesurer allongé sur une des branches du panache, depuis le crâne de l’animal en passant tout le long du rameau central, pour se terminer à la pointe tout au sommet du bois de l’animal. Ensuite, il vit deux petites mains tenant le ruban à mesurer en place. Pendant que la vision s’éloignait, il entendit l’ange de l’Éternel dire : «Ces bois mesureront 42 pouces [107 cm] et ce grizzly, neuf pieds [2,75 m].»

Une semaine plus tard, Miner Arganbright appela pour demander à Bill s’il l’accompagnerait en Alaska pour l’aider à démarrer deux nouveaux chapitres des Hommes d’affaires du plein Évangile, un à Fairbanks et un autre à Anchorage. Arganbright lui dit qu’il défraierait toutes les dépenses de Bill et lui offrit même de l’emmener à la chasse à l’ours grizzly lorsqu’ils auraient réglé toutes leurs affaires. Considérant la dernière vision qu’il avait reçue, cela semblait être l’occasion idéale ; mais lorsqu’il priait à ce sujet, il sentit que le Seigneur y mettait un frein. Il rappela donc Miner Arganbright deux jours plus tard en lui expliquant que le Saint-Esprit ne voulait pas qu’il y aille… du moins pas pour l’instant.

PLUS TARD AU COURS DE L’ÉTÉ, William Branham prêcha trois sermons concernant la rencontre de Daniel avec l’ange Gabriel qui est décrite dans Daniel 9:20-27. Le dimanche matin, 3 juillet 1961, il prêcha «Les Instructions de Gabriel à Daniel», puis, à la réunion du soir, il prêcha «Les Six Buts de la Visite de Gabriel à Daniel». Il enchaîna, une semaine plus tard, avec «Les Soixante-dix Semaines de Daniel «et démontra que ce que Gabriel avait dit à Daniel, concernant la venue du Messie, nous parlait aujourd’hui de la seconde venue de Christ.

Le 25 août 1961, Bill et Billy Paul partirent chasser l’écureuil avec Banks et David Wood près de Salem, en Indiana. Avant le lever du jour, Bill débarqua ses compagnons à un endroit et continua à rouler jusqu’à ce qu’il arrive à un de ses coins préférés, heureux de pouvoir chasser seul… enfin, s’il était même possible de chasser. En effet, les conditions étaient très peu prometteuses : le ciel était complètement couvert de nuages gris et, la bruine qui tombait déjà, annonçait une journée des plus maussades. Pendant que le jour se levait et chassait les ténèbres, il emprunta un sentier bien connu qui longeait un pâturage. Le sentier finit par le conduire à un coin boisé en forme de «L «où il s’était souvent adonné à la chasse. Marchant en direction ouest et en longeant le versant d’une colline, il venait tout juste d’enjamber un rondin lorsqu’il crut apercevoir ce qu’il pensait être un premier rayon de soleil. Mais en y réfléchissant encore un peu, il réalisa que cela ne pouvait pas être le soleil levant parce que la lueur venait du sud. Se tournant alors vers le sud, il vit une boule de feu qui flamboyait dans les airs. Bien qu’il ait eu l’occasion de voir cette lumière surnaturelle nombre de fois auparavant, ce qu’il vit cette fois-ci était… du jamais vu.

Au sommet de la colline, était posé ce qui ressemblait à un énorme bol d’où sortaient deux arcs-en-ciel. Les arcs-en-ciel devaient bien mesurer trente pieds [9 m] de haut et comme ils étaient côte à côte, ils formaient une arche à deux ponts dont les piliers disparaissaient dans le bol. Bill enleva son chapeau, déposa son fusil, leva les mains au ciel et s’approcha du phénomène. Il réalisa bientôt qu’il ne s’agissait pas d’une arche à deux ponts, mais bien à trois ponts. En effet, un troisième arc-en-ciel sortait du bol à un angle de 120° par rapport aux deux autres.

Il s’immobilisa à quelque trente pieds [9 m] du sommet de la montagne. Les arcs-en-ciel pulsaient, continuaient à prendre de l’expansion et chatoyaient dans la brume matinale comme s’ils étaient vivants. Bill s’écria : «Ô Dieu, que veux-Tu faire savoir à Ton serviteur?»

Tel un grondement de tonnerre, une Voix lui répondit : «Le Jéhovah de l’Ancien Testament est le Jésus du Nouveau Testament. Il n’a qu’enlevé Son masque d’Esprit pour revêtir celui d’un homme. Demeure fidèle.»

Même si Bill se sentait tellement engourdi qu’il ne pouvait même pas prononcer une parole, il se sentait tout de même étrangement satisfait. Il fit encore quelques pas pour se rapprocher. Les trois arcs-en-ciel rétrécirent alors et disparurent dans le bol et le phénomène s’évapora devant lui, sauf pour la Colonne de Feu qui continua à luire juste assez longtemps pour qu’il puisse réaliser qu’elle était située en ligne droite avec l’endroit où Dieu lui avait révélé la signification de Marc 11:23.

Bill reprit son chapeau et son fusil et se fraya un chemin à travers la forêt jusqu’à ce qu’il arrive, 40 minutes plus tard, vis-à-vis du sycomore dont les quatre branches principales pointaient aux quatre coins cardinaux. Il escalada le tronc et s’assit dans le petit berceau que formait les quatre branches à leur base et se mis à penser : «C’est précisément en ce lieu-ci que, deux ans auparavant, Dieu me permit d’appeler trois écureuils à l’existence, me montrant ainsi la véracité de Marc 11:23 : Si tu dis à cette montagne “Ôte-toi de là” et si tu crois en ton cœur et que tu ne doutes point, tu recevras ce que tu demanderas. «Bill retira son chapeau et dit : «Seigneur Dieu, Tu es encore le même Jésus. Tu es encore Dieu.»

Avec toute la douceur d’une fine et délicate bruine, la Voix se fit entendre mélodieusement à travers toute la forêt : «Et de combien d’écureuils aurais-tu besoin cette fois-ci?»

«Tout comme l’autre fois, et je les aurai dès 10 h ce matin. «Jetant un coup d’œil à sa montre, il vit qu’il était environ 6 h. Il donna une tape au moustique qui le piquait près de l’œil. Les moustiques étaient plutôt féroces dans cette région, mais il avait oublié d’apporter du chasse moustique. Il ajouta alors : «De plus, le soleil luira d’ici trente minutes et plus un seul moustique ne m’embêtera du reste de la journée.»

Derrière lui, un écureuil poussa des cris perçants. Bill scruta la forêt jusqu’à ce qu’il aperçoive un écureuil roux sur une branche d’arbre à environ 75 verges [70 m] de là. C’était un peu trop loin pour viser directement dans l’œil, alors il visa un peu plus haut que le corps de l’animal et tira. L’écureuil s’écroula. Lorsque Bill alla le chercher, il ne fut pas surpris de constater qu’il l’avait tiré directement dans l’œil, exactement de la même manière dont il avait abattu le premier écureuil qu’il avait appelé à l’existence, deux ans auparavant. Une trentaine de minutes plus tard, le soleil dissipa les nuages et à 9 h 57 il avait tué son troisième écureuil. Pas un seul sifflement de moustique ne s’était fait entendre pendant tout ce temps-là.

Par la suite, Bill enseigna : «Le Jéhovah de l’Ancien Testament est le Jésus du Nouveau Testament. Voyez? Il est le même Dieu. Il ne change que de forme. L’autre jour, un ministre baptiste m’a demandé : “Comment pouvez-vous croire que Jésus et Dieu sont la même Personne?” J’ai dit : “Eh bien, c’est très facile, si vous abandonnez votre propre pensée et que vous y pensez en termes bibliques. Ils sont un seul et même Être. Dieu est un Esprit, et Jésus est le corps dans lequel l’Esprit était voilé. Voyez-vous?” Lui ai-je dit : “Par exemple, dans mon foyer, je suis le mari de ma femme, le père de ma fille et le grand-père de mon petit-fils. Alors, je suis à la fois un mari, un père et un grand-père. Ma femme n’a pas de droits sur moi en tant que père ou grand-père, elle n’a de droits sur moi qu’en tant que mari. Et ma fille n’a pas de droits sur moi en tant que mari ou grand-père, elle est mon enfant. Pourtant, ces trois fonctions sont opérantes dans la même personne. C’est la même chose pour Dieu — Père, Fils et Saint-Esprit ne sont que des droits rattachés à différentes dispensations. Dieu est toujours le même, Il ne fait que changer de forme.”»

«Dans Philippiens 2, Paul dit : “Jésus-Christ, existant en forme de Dieu… s’est dépouillé Lui-même, en prenant une forme de serviteur’, en devenant semblable aux hommes.” Dans le grec, on utilise l’expression “en morphe” pour décrire le fait qu’Il ait changé Sa forme, qu’Il ait changé Son masque.1 Voyez-vous? Lorsque quelque chose ne peut être perçu, si elle change de forme, l’œil pourra la capter. De la même façon dont cela s’est passé pour Élisée à Dothan. Le serviteur d’Élisée ne pouvait pas voir tous ces anges qui entouraient Élisée, alors Dieu les changea. Il ne les a pas fait descendre du ciel pour que le serviteur les voit ; Dieu changea tout simplement la forme dans laquelle ils étaient déjà afin que le serviteur puisse les percevoir.»2

«Voici un autre exemple d’ “en morphe”. Lorsque Shakespeare écrivit sa célèbre pièce de théâtre

dramatique Macbeth, il utilisa un seul acteur pour jouer plusieurs rôles. L’acteur devait donc changer de masque et de costume pendant la pièce de théâtre. À l’occasion, il venait sous la forme d’un personnage, puis sous la forme d’un autre, mais c’était toujours le même acteur derrière les changements de costumes. C’est comme ça avec Dieu. Il S’est changé : de Colonne de Feu qu’Il était, Il a pris une forme humaine, puis de cette forme humaine, Il est redevenu Esprit et est venu habiter dans l’homme : Dieu agissant, dans le rôle d’un homme, ce qu’Il était vraiment. Jésus-Christ était Dieu agissant, jouant un rôle, à travers un homme.»

AU MOIS DE SEPTEMBRE 1961, William Branham retourna dans le nord de la Colombie-Britannique pour tenter une nouvelle expédition de chasse dans les montagnes Rocheuses canadiennes. Il rencontra Ed Byskal à Dawson Creek et avec Billy Paul, ils roulèrent quelque 400 milles [650 km] plus au nord, jusqu’à la cabane de Bud Southwick. Bud s’empressa de lui raconter la guérison de son frère : «Frère Branham, il n’a eu aucune crise épileptique depuis le jour où ma femme a jeté sa chemise au feu.»

«Et il n’en aura pas tant qu’il y croira», répondit Bill. Maintenant, laissez-moi vous raconter la vision que j’ai eue au mois d’août. Bill leur décrivit alors le grand cervidé dont le panache mesurait exactement 42 pouces [107 cm] et les informa également qu’il avait vu quelqu’un portant une chemise à carreaux verts et beiges tout juste avant de tuer un énorme grizzly argenté.

Bud Southwick se frotta le menton, songeur : «Je doute que quoi que ce soit du genre ne se produise pendant cette expédition-ci. Premièrement, nous n’irons pas dans les régions habitées par les ours, nous sommes censés nous rendre en haute altitude, au-delà de la zone forestière, au pays des mouflons. Deuxièmement, je n’ai jamais vu un cervidé ressemblant à celui que vous avez décrit.»

«Ça ne fait rien, répondit Bill, parce que Dieu peut faire toutes choses. Dites-moi, frères, l’un d’entre vous possède-t-il une chemise à carreaux verts?»

«Pas moi» lui répondit Bud.

«J’en avais une, ajouta Ed Byskal, mais, elle était trop usée, alors je l’ai jetée.»

«Il s’agit donc peut-être d’une autre expédition de chasse. Mais je tuerai cet ours, cela doit arriver ; vous ne perdez rien pour attendre. C’est un “Ainsi dit le Seigneur.”»

Après deux jours d’ascension à cheval, ils arrivèrent à l’étage alpin, à la limite des arbres, et y installèrent leur camp de base. Dès les petites heures du matin, ils se mirent à chasser le long des pentes escarpées de l’étage alpin. Ce ne fut que plus tard en après-midi, à quelque 6 milles [10 km] de leur camp de base, qu’ils aperçurent un troupeau de mouflons. Parmi eux se trouvaient trois gros béliers dont les puissantes cornes étaient tellement recourbées qu’elles s’enroulaient pour tracer un cercle complet. Il se faisait maintenant trop tard pour commencer à pourchasser le troupeau, ils retournèrent au camp de base, se disant qu’ils pourraient se lever très tôt le lendemain matin et revenir au même endroit pour les surprendre en train de dormir.

Il faisait frisquet dans la tente, le lendemain matin, lorsqu’Ed Byskal quitta la douce chaleur de son sac de couchage. Il alluma sa lampe à pétrole et fouilla dans son sac de paquetage pour trouver des vêtements chauds. Quelle ne fut sa surprise lorsqu’il mit la main sur sa vieille chemise à carreaux verts et beiges — surprise, puisqu’il avait demandé à sa femme de la jeter. Mais au lieu de faire ainsi, elle avait raccommodé la grosse déchirure sur le côté de la chemise et l’avait soigneusement placée au fond du sac avec ses autres effets de camping. Ed enfila la chemise et endossa son gilet de chasse orange, prenant soin de bien remonter la fermeture éclair. Puis, il sortit de la tente, alluma un bon feu de camp et commença à préparer le petit-déjeuner. La vision que Bill leur avait partagée, quatre jours plus tôt, ne lui revint même pas à l’esprit.

À compter de 9 h du matin, les chasseurs avaient atteint la crête où ils avaient aperçu les béliers et les mouflons la veille. Balayant l’horizon au moyen de lunettes d’approche, ils virent un caribou mâle à plus basse altitude, dans les arbres. Ed et Blain se mirent à ses trousses pendant que Bill et Bud grimpèrent encore plus haut dans l’espoir de repérer le troupeau de moutons sauvages. Après un certain temps, Bill entendit un coup de fusil faisant écho dans la vallée. Bill sortit ses jumelles et scruta le paysage jusqu’à ce qu’il puisse repérer la veste orange d’Ed Byskal.

Il vit alors que ce dernier était penché par-dessus la carcasse d’un caribou mâle.

Un sentiment de bien-être l’enveloppa et Bill s’adossa contre un rocher en saillie pour se reposer et admirer le magnifique paysage automnal. Tout en bas, la vallée se déployait, vaste et généreuse, tachetée de rouge, de jaune et de vert, au gré des mélèzes, des trembles, des sapins, des épinettes et des pins. Près de la limite des arbres, là où poussaient les épinettes naines, le vert était nuancé de bleu tandis que les baies rouges des buissons offraient de belles teintes écarlates. À l’étage alpin, au-delà de la limite des arbres, les pentes escarpées étaient garnies de mousse jaune et de bleuets sauvages dont les plants n’atteignaient pas plus de quelques pouces [centimètres] de haut à ces altitudes élevées. Plus haut encore, les pentes se métamorphosaient en éboulis de schistes, juste sous les parois majestueuses de granite. Ça et là, des glaciers se cramponnaient à flanc de montagne, telles de grandes larmes figées. À travers ses jumelles, Bill scrutait le panorama qui s’offrait à lui, lorsque ses yeux se posèrent sur un gros animal à quelques milles [kilomètres] à peine d’où il se trouvait. «Bud, qu’est-ce que c’est ça, là-bas?»

Bud plissa les yeux pour mieux voir dans ses lunettes d’approche. «Frère Branham, c’est un caribou, mais il est tellement différent de tout autre caribou que je n’ai jamais vu. Regardez les pointes de ses bois.»

«Un caribou, vous dites? Eh bien, c’est précisément la bête que j’ai vue en vision le mois passé. Allons le chercher.»

«Comment le ferions-nous? Il doit bien se trouver à quelque deux milles [3 km] au-delà de cette pente schisteuse.»

«Je m’en balance bien, même s’il se trouvait à vingt milles [30 km] plus loin, il est à moi, le Seigneur me l’a donné.»

Ils se rendirent tout d’abord à l’endroit où Ed et Blain étaient en train de dépouiller et d’éviscérer le caribou qu’Ed avait tué. Ils s’organisèrent de façon à ce que les deux plus jeunes mènent les chevaux de somme en longeant la limite boisée jusqu’au niveau d’un ravin situé juste au-dessous de la cible prévue de Bill, tandis que Bill et Bud remontaient la pente à pied. Le sentier escarpé s’aplanit graduellement et ils réussirent à marcher sur les amas de schistes fendus en prenant bien soin d’être le plus silencieux possible. À force de peiner ainsi, ils avaient tellement chauds qu’ils durent enlever leurs manteaux. L’étrange caribou devait sûrement s’être endormi en cette chaude journée de septembre, car Bill avait réussi à se faufiler à moins de 30 verges [25 m] de lui. Bill n’eut qu’à tirer un coup pour abattre l’animal.

Bud se grattait la barbe du menton : «Vous dites que ce panache mesure environ 42 pouces [107 cm] de haut?»

«Quarante-deux pouces [107 cm] exactement»

«J’ai un ruban à mesurer dans ma sacoche de selle, alors nous serons fixés sous peu. Maintenant qu’en est-il à propos de ce grizzly argenté?»

«Il doit bien se trouver quelque part aux alentours. Ce qui me laisse perplexe, c’est le type à la chemise à carreaux verts — où est-il donc?»

Bud regarda de nouveau dans ses jumelles. «Eh, bien! Ça alors… Frère Bill, regardez.»

Bill prit ses jumelles et les dirigea vers le fond du ravin au pied de la pente, quelques milles [kilomètres] plus bas où Ed et Blain les attendaient avec les chevaux de somme. Ed avait enlevé sa veste de chasse révélant ainsi la chemise à carreaux verts et beiges qu’il avait enfilée, tôt ce matin. Bill dit alors : «Tout est en place. Le grizzly argenté se trouvera quelque part entre cet emplacement-ci et cette chemise à carreaux verts.»

Bud continua à scruter les pentes et les crêtes à travers ses jumelles. «Ce n’est pas que je veux douter de vous, mais je peux voir chaque pouce [2,5 cm] de ces pentes… et je ne le vois pas.»

«Il se trouve quelque part par là. Vous verrez bien.»

Ils décidèrent de revenir le lendemain pour la viande du caribou. La seule chose qu’ils en apporteraient aujourd’hui serait la tête que Bill souhaitait faire empailler et garder comme trophée souvenir. Bill embarqua la tête de l’animal sur ses épaules et commença à descendre la montagne. Bud le suivit en emportant les deux fusils. Après un certain temps, ils s’échangèrent les tâches. Comme la tête du caribou pesait au-delà de cent livres [45 kg], la fatigue les gagnait assez rapidement. Ils traversèrent un petit glacier et s’y arrêtèrent pour boire l’eau froide qui s’écoulait de la base du glacier.

«Mais qu’est-ce que c’est que ça, là-haut, sur la crête? «demanda Bill.

Bud braqua ses jumelles vers le haut de la pente. «Pardi! C’est un grizzly argenté.»

Bill fit oui de la tête : «C’est lui. Allons le chercher.»

«Vous allez le tirer avec cette petite carabine-là? «Demanda Bud, sceptique, en pointant du doigt le Remington 721 de Bill, qui n’avait qu’un petit diamètre de .270 pouce. «Vous devriez peut-être prendre le mien.»

«C’est cette carabine-ci que j’avais dans la vision et dans cette vision, je l’ai abattu d’un seul coup.»

«Je sais que vous avez déjà abattu des ours, mais les ours noirs n’ont rien à voir avec les grizzlys comme celui-ci. Lorsque vous tirez sur un grizzly, il ne devient pas en état de choc comme le font la majorité des animaux ; il ne fait que continuer à foncer droit sur vous. Vous feriez mieux de le tirer directement dans la poitrine. De cette façon, si vous manquez son cœur, vous pourriez au moins avoir la chance de lui casser le dos.»

L’ours se trouvait à environ deux milles [3 km] de là. Comme ils s’avançaient pour traquer l’animal, nos deux chasseurs descendirent dans un ravin afin de rester cachés pour la quasi-totalité

du trajet à faire. Lorsqu’ils sortirent du ravin, l’ours grizzly, qui ne se tenait qu’à quelque cent

verges [90 m] un peu plus haut sur la pente, les observait vivement, en état d’alerte. Il ressemblait à une meule de foin brunâtre. Bien que sa fourrure était d’un brun foncé près du corps, les pointes des poils, elles, étaient blanc argenté… d’où le nom de grizzly argenté. Bill visa la poitrine et tira. Le grizzly se mit à dévaler la pente, chargeant comme un char d’assaut, tout en rugissant férocement, la gueule grande ouverte, les lèvres relevées hargneusement, les dents prêtes à mordre et à déchirer sa proie. Avant que Bill n’ait le temps de mettre une autre balle dans son fusil, le grizzly s’écroula à 20 verges [18 m] à peine.

Toute trace de coup de soleil avait totalement disparu du visage de Bud tellement il avait blêmi à l’approche de l’ours. Poussant un soupir de soulagement, il bredouilla : «Je ne voulais pas qu’il vienne s’asseoir sur mes genoux.»

Ils procédèrent à l’éviscération et au dépouillement de l’ours, mais il n’était pas question de transporter la peau de l’animal à deux. La peau à elle seule pesait 300 livres [135 kg]. Il faudrait revenir la chercher plus tard avec un des chevaux de somme. Ils rebroussèrent chemin pour aller chercher la tête de caribou, la mirent sur leurs épaules et descendirent la montagne pour aller rejoindre Ed et Blain qui les attendaient avec les chevaux.

Bill s’empressa de leur raconter les détails concernant ses deux prises. Puis il dit : «Frère Ed, vous m’aviez dit que vous n’aviez pas de chemise à carreaux verts.»

«Je suis désolé de vous avoir induit en erreur, Frère Branham. Mon épouse l’a mise dans mes bagages à mon insu.»

Bud alla chercher son ruban à mesurer dans sa sacoche de selle et s’agenouilla à côté de la tête du caribou. Il déroula le ruban depuis la base du crâne jusqu’au sommet d’un des rameaux du panache, mais à cause de la courbure des bois de l’animal, le ruban ne cessait de glisser. Comme il s’essayait une seconde fois, Blain se pencha et posa ses deux mains au centre du ruban pour le maintenir en place. Bill donna un petit coup de coude dans les côtes d’Ed et lui murmura : «Vous voyez? Voilà les deux petites mains que j’ai vues dans la vision. «Une fois que le ruban fut bien en place, ils se penchèrent tous pour vérifier la mesure : le panache mesurait 42 pouces [107 cm] pile.

POUR WILLIAM BRANHAM, cette expédition de chasse fut le clou de l’année. La sollicitude que Dieu lui avait montrée dans les montagnes de la Colombie-Britannique deviendrait une source de réconfort lors des moments plus douloureux qui jalonneraient les mois à venir. Peu après son retour à Jeffersonville, sa mère devint malade. Une fois, lorsqu’il lui rendait visite, Ella Branham lui avait dit : «Billy, je retourne à la maison voir ton père. «Charles Branham était décédé en 1936 ; cela faisait donc 25 ans qu’Ella était veuve.

«Maman, ne parle pas ainsi. Tu n’as même pas atteint le cap des 70 ans encore. Il devrait te rester encore plusieurs bonnes années à vivre.»

Il pria pour elle, mais le Seigneur ne lui montra aucune vision qui put le soulager de ses inquiétudes. Au fil des semaines, sa condition empira. Bill annula tous les engagements qu’il avait contractés pour cette saison automnale afin de rester à la disposition de sa mère. Il advint qu’un mercredi elle avait dû être hospitalisée. Comme les médecins n’arrivaient pas à poser un diagnostic précis, Bill continuait à prier pour sa guérison. Lorsqu’il vint la visiter à l’hôpital le samedi, elle était debout à la fenêtre et sans se retourner elle dit : «Billy, je te vois.»

«Bien sûr Maman, je suis juste ici.»

Le regard fixé sur les nuages, elle continua d’une voix rêveuse : «Tu es vieux Billy, tellement vieux. Tes cheveux sont blancs et ta barbe est si longue. Tu enserres la croix d’un bras et tu tends l’autre vers moi.»

Bill se souvint de la journée, peu après être devenu lui-même chrétien, où il avait baptisé sa mère dans le nom du Seigneur Jésus-Christ. «Maman, lui demanda-t-il, que vaut Jésus pour toi maintenant?»

«Il vaut plus que la vie pour moi, Billy.»

La vision mystique d’Ella convainquit Bill qu’elle se préparait à mourir. Le mardi suivant, elle en était à ses dernières respirations. Tous les enfants qui demeuraient près de Jeffersonville se réunirent à l’hôpital afin de rester à ses côtés. Bill s’assit à son chevet et lui tint la main pendant plusieurs heures. Parfois, il lui parlait et elle pouvait lui répondre, puis vint un temps où elle était si faible, qu’elle ne pouvait plus parler. Bill remarqua qu’elle avait tout juste assez d’énergie pour cligner des yeux, alors il lui demanda : «Maman, maintenant que tu vas mourir, je veux te poser une dernière question. Jésus est-Il tout aussi doux pour toi maintenant qu’au jour où tu L’as reçu dans la forme du Saint-Esprit? Si tel est le cas, cligne très rapidement des yeux.»

Elle se mit à cligner si fort que des larmes se mirent à ruisseler aux coins de ses yeux. Quelques moments plus tard, Ella traversa vers une dimension plus élevée. Intérieurement, Bill pleurait en réfléchissant à la vie de misère qu’avait vécue sa mère : elle était si jeune et si pauvre lorsqu’elle avait dû lutter pour élever dix enfants pendant ces années de pénurie qui avaient précédé la Grande Dépression, et pendant toute cette difficile période de crise économique. Sa longue lutte était maintenant terminée tandis qu’un nouveau jour se levait maintenant pour elle, éternel et joyeux.

Il dit à ses frères et sœur : «Maintenant que Maman est partie, la famille ne sera plus la même. Elle était notre point d’attache. Je doute que nous nous réunissions autant qu’auparavant.»

Les arrangements funéraires et les discussions de famille le tinrent occupé tout le reste de la journée. Lorsqu’il arriva enfin à la maison ce soir-là, le poids de sa perte lui semblait écrasant. Assis dans sa salle de séjour, il prit la Bible qu’une dame de Chicago lui avait offerte en cadeau. Dans cette édition de la version du roi Jacques, les paroles de Jésus étaient imprimées en rouge. Bill pria : «Père Céleste, me donnerais-Tu du réconfort par Ta Parole? «En ouvrant cette Bible au hasard, sa réponse lui apparut en toutes lettres, et ce, en caractères rouge vif : «Ne pleure pas. Elle n’est pas morte, mais elle dort» 3

Ces paroles lui permirent enfin de s’endormir. Le lendemain matin, il se leva vers 8 h et il déambula sans hâte jusqu’à la cuisine où Meda était en train de préparer le petit-déjeuner. Rebekah et Joseph étaient déjà attablés et Sarah s’apprêtait à se joindre à eux. Tristesse et morosité imprégnaient l’atmosphère.

«Où se trouve grand-maman à présent? «demanda Joseph.

Comment explique-t-on la mort à un enfant de six ans? «Son corps se trouve en bas, au salon funéraire, expliqua Bill, mais son âme est partie en haut, au ciel.»

«Reviendra-t-elle en bas nous revoir ce soir? Elle me manque.»

«Non, Joseph, je ne sais pas quand elle sera de retour. Lorsque Jésus reviendra, elle reviendra avec Lui.»

Bill quitta la table de cuisine pour se rendre au salon. Soudainement, le salon disparut… même que la maison tout entière avait disparu. Il lui semblait qu’il se tenait debout, dans les airs, à l’arrière d’un immense amphithéâtre à ciel ouvert. Une grande foule remplissait les gradins qui s’élevaient en demi-cercles autour de l’estrade centrale. Les trois premières rangées avaient été retirées afin de permettre à une centaine d’enfants infirmes d’être plus près de l’estrade. Ils semblaient attendre que ce soit à leur tour de recevoir la prière. Bill pouvait voir un homme portant un habit foncé se tenir derrière un podium posé sur l’estrade centrale et conduire la foule à chanter des chants chrétiens. Ce directeur de chant lui paraissait étrangement familier. En une fraction de seconde, le point de vue de Bill changea et il était devenu l’homme qui dirigeait le service de chant. Comme le chant tirait à sa fin, Bill remarqua une femme qui était entrée à l’arrière de l’amphithéâtre et qui marchait dans l’allée centrale, directement vers l’estrade. Il supposa qu’il s’agissait d’une célébrité puisque les gens se levaient et l’acclamaient à son passage. Son costume ressemblait aux vêtements que portaient les femmes autrefois, au tournant du vingtième siècle. Elle portait une jupe longue toute blanche ainsi qu’une blouse blanche à manches larges et bouffantes et dont le haut col était boutonné jusqu’en haut. Ses souliers en cuir étaient lacés jusqu’à la cheville et elle portait un chapeau de fantaisie à grand rebord sous lequel elle avait remonté et épinglé ses longs cheveux.

Bill décida de faire chanter un refrain d’école du dimanche afin de donner le temps nécessaire à cette célèbre dame de rejoindre son siège et de s’asseoir avant qu’il ne commence son sermon. Il chanta : «Amenez-les, amenez-les ; faites-les sortir des champs du péché. Amenez-les, amenez-les, faites venir les petits à Jésus. «Lorsque l’illustre dame parvint à l’avant, elle monta directement sur l’estrade et se tint debout à côté du podium. Spontanément, la foule se mit à applaudir. Bill se tourna vers elle pour la saluer. Comme elle gardait la tête inclinée pour recevoir l’acclamation de la foule, le rebord de son chapeau cachait momentanément son visage. Lorsqu’elle releva la tête, Bill fut surpris de voir sa mère, radieuse, à la fleur de l’âge, poser ses regards sur lui.

«Maman?» demanda-t-il.

Ella sourit et hocha la tête. «Oui, Billy.»

Avant qu’il n’ait eu le temps de prononcer un autre mot, une décharge simultanée de tonnerre et d’éclair secoua l’amphithéâtre. Lorsque le grondement du tonnerre cessa, il entendit une voix qui disait : «Ne te fais pas de soucis pour ta mère. Elle est revenue à ce qu’elle était en 1906.»

«1906? «répéta Bill, tandis qu’il quittait le surnaturel et revenait à la dimension du réel.

Meda, qui se tenait dans l’embrasure de la porte de la cuisine, demanda : «Que se passe-t-il, Bill?»

«Chérie, je viens tout juste d’avoir une vision où maman se tenait précisément à cet

endroit-ci. Je dois découvrir ce qui est arrivé en 1906.»

Un peu plus tard dans la journée, il ouvrit la Bible de sa mère à la page de garde, là où elle

inscrivait les dates importantes concernant la famille. Il y trouva la date où Ella Harvey avait

épousé Charles Branham. Voilà ce qui élucidait le mystère. En 1906, sa mère était devenue l’épouse de son père. Elle était très jeune, mais ce n’était pas un fait isolé, au Kentucky, à cette période de l’histoire de l’Amérique. Maintenant, elle était devenue une autre sorte d’épouse, une partie intégrante d’une épouse collective… l’épouse du Seigneur Jésus-Christ. Bill savait qu’il la retrouverait dans un monde meilleur.

Bien qu’il n’ait pas encore neigé, le mois de novembre apportait sa part de refroidissement et de flétrissure sur tout le paysage de l’Indiana. Comme Bill avait annulé toutes ses campagnes pour le reste de l’année, il décida de prendre le prochain mois pour jeûner et prier afin de connaître la direction que son ministère devrait prendre en 1962. Aux alentours de 3 h du matin en ce mardi 21 novembre 1961, il sortit du lit et se rendit au salon où il alluma une lumière et s’agenouilla près d’une chaise pour prier. Au bout de quelques minutes, il sentit son corps se mouvoir. Ouvrant les yeux, il fut étonné de se voir marcher sur une gigantesque carte géographique du Moyen-Orient. Il paraissait se déplacer en direction ouest vers une mince lisière de couleur bleue qui traverserait sa trajectoire, au loin. En arrière-plan, il entendit quelqu’un chanter : «Je descends vers le Jourdain. «Après avoir parcouru les deux tiers du parcours en direction de cette lisière d’encre bleue sur la carte géographique, il dit : «Gloire à Dieu! La Palestine se trouve juste de l’autre côté de cette rivière, la Terre Promise dans laquelle chaque promesse est contenue.»

Brusquement, il se retrouva agenouillé près de la chaise du salon, toujours en prière. «Me serais-je endormi, et tout simplement rêvé à cela?», se demanda-t-il. «Après tout, nous sommes au beau milieu de la nuit. «Comme si Dieu répondait à sa question, il sentit son corps se remettre en mouvement pour s’élever du sol et quitter la pièce. Cette fois, la vision le déposa sur une autoroute étroite qui se déroulait, toute droite, à travers des basses terres verdoyantes. Il marchait aux côtés d’un frère chrétien qu’il ne connaissait pas. D’autres gens marchaient également le long de cette route et tout le monde semblait avoir peur de quelque chose. Bill dit alors : «Maintenant, je suis certain qu’il s’agit d’une vision et que le Seigneur Dieu est présent ici même. Mais, de quoi ces gens ont-ils tant peur?»

Une voix grave et sonore répondit : «Un grand danger s’est élevé ces jours-ci : un serpent hideux dont la morsure est fatale.»

À ce moment précis, Bill entendit quelque chose se mouvoir dans l’herbe haute à proximité. Il s’arrêta pour observer un grand serpent noir qui se faufilait sur la route, juste devant lui. Bill reconnut qu’il s’agissait d’un mamba africain, un des serpents les plus mortels au monde. Les mambas sont des serpents d’une grande agilité et ils sont bien reconnus pour leur agressivité. Ils ont l’habitude de dresser une partie de leurs corps et de frapper leur proie dans le haut du corps de celle-ci ou même à la tête. Leur venin est si puissant et agit tellement rapidement que la quasi-totalité des victimes en meurt, à moins de recevoir une dose de sérum antivenimeux dans les plus brefs délais. Par conséquent, les Africains ont une peur panique des mambas. Bill se souvenait que, lors d’une expédition de chasse africaine, un des porteurs avait crié : «Mamba! «Alors, tous les indigènes avaient laissé tomber leurs paquets et, dans leur empressement pour s’enfuir, ils entraient en collision les uns avec les autres.

Dans cette vision-ci, le mamba dardait rapidement la langue tout en lui lançant des regards furieux, manifestement remplis d’intentions maléfiques. Le frère chrétien qui s’était arrêté à ses côtés s’éloigna, laissant Bill affronter cette menace fatale tout seul. Le mamba passa à l’attaque. Au début, il se déplaçait rapidement puis, au fur et à mesure qu’il se faufilait vers Bill, il avançait de plus en plus lentement jusqu’à ce que quelque chose l’immobilise complètement à quelques pieds [dizaines de centimètres] à peine de Bill. Il avait beau ouvrir tout grand sa gueule et agiter ses crochets venimeux, il n’arrivait pas à le mordre. Il se glissa alors de l’autre côté pour l’attaquer d’une autre direction. La même chose se produisit : il réussissait à s’approcher tout près de Bill, puis quelque chose l’empêchait mystérieusement de s’approcher davantage. Finalement, le serpent renonça à son plan et changea de victime. Il s’en prit plutôt au compagnon de Bill. Le frère anonyme fit un bond et s’esquiva tout juste à temps. Le mamba s’acharna encore et encore, mais l’homme continua à sauter et à s’esquiver.

«Pas surprenant que tout le monde soit aussi effrayé sur cette autoroute! «pensa Bill. Jetant les bras en l’air, il pria : «Oh! Dieu soit miséricordieux envers mon frère. Si ce serpent réussit à le mordre, il en mourra. «Dès qu’il eut prononcé ces paroles, le serpent s’en reprit à lui de nouveau. Quelque part au-dessus de lui, la voix se fit entendre encore : «Prends courage. Tu as reçu le pouvoir de le lier.»

«Mais Seigneur, que dois-je faire ?»

«Pour faire ceci, tu dois être plus sincère.»

Le mamba se glissait de nouveau vers lui.

«Dieu, pardonne mon manque de sincérité et aide-moi à être plus sincère. «Soudainement, il sentit une onction le traverser, le remplissant d’une énergie palpable. Pointant le mamba du doigt, il dit : «Satan, dans le nom du Seigneur Jésus-Christ, je te lie.»

Instantanément, le serpent se recourba et pris la forme d’une esperluette (&), ce symbole commercial de la conjonction «et», jusqu’à ce que sa queue s’enroule autour de sa gorge et qu’il s’étrangle à mort. Une bouffée de fumée bleue s’échappa de sa bouche. Sa carcasse inerte et raide lui donnait maintenant un caractère aussi inoffensif qu’un gigantesque bretzel.

La voix au-dessus de lui, lui dit : «Tu peux également le délier.»

«Satan, dit-il alors, afin que j’en aie la certitude : je te délie.»

Le serpent ouvrit la bouche et aspira une bouffée de fumée bleue dans ses poumons. Ses écailles se ramollirent et il se mit à se tortiller tout en se déroulant. Rapidement, Bill déclara : «Je te lie de nouveau, dans le nom de Jésus-Christ.»

La fumée bleue s’échappa encore une fois de sa bouche et le mamba s’étrangla de nouveau en se cristallisant en forme d’esperluette.

Il entendit son réveille-matin sonner au loin dans sa chambre à coucher, puis il entendit Meda marcher dans le corridor et dire à Sarah et à Becky qu’il était l’heure de se lever. La maison retentit bientôt des sons caractéristiques d’enfants se préparant pour l’école. Bill se retira dans son bureau pour réfléchir à la vision. Le mamba semblait représenter le péché dans ce qu’il y a de plus mauvais. La puissance pour lier Satan était disponible. Mais la vision renfermait-elle une autre signification? Bill pria : «Père Céleste, avant que Ton Esprit ne me quitte et que je doive reconduire mes enfants à l’école, m’expliquerais-Tu ce que Tu essaies de me faire comprendre par cette vision en me montrant quelque chose dans Ta Parole?»

Lorsqu’il ouvrit sa bible, son pouce était appuyé directement sous 1 Corinthiens 5:8 : «Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité. «Alors là, il comprit. Il avait projeté de prier et de jeûner pour sonder ce que l’avenir lui réservait. D’un point de vue spirituel, un jeûne corporel est un festin avec le Seigneur.4 Dieu était donc en train de lui dire qu’il devait être encore plus sincère qu’auparavant. Il se rapprochait sûrement d’un événement déterminant. Sa marche sur la carte géographique lui faisait penser à la façon dont Josué avait conduit les Israélites jusqu’au Jourdain et comment il avait dû s’arrêter là pour regarder vers la Terre Promise, là où il serait appelé à diviser et à distribuer l’héritage du peuple de Dieu. En ce jour-là, Dieu avait dit à Josué : «Aujourd’hui, je commencerai à t’élever aux yeux de tout Israël, afin qu’ils sachent que je serai avec toi comme j’ai été avec Moïse.»5 Bill n’avait jamais oublié le jour où une main désincarnée lui était apparue dans sa chambre et qu’elle avait ouvert les pages de sa Bible pour lui pointer du doigt les neuf premiers versets de Josué. Comment n’aurait-il jamais pu l’oublier? Il avait écrit cette vision sur la page de garde de sa Bible d’étude Scofield — la même Bible qu’il utilisait continuellement à la maison ou en voyage. Depuis ce jour en 1952, il avait su que, dans un sens, son ministère s’exercerait parallèlement à celui de Josué.

Le lendemain matin, le mercredi 22 novembre 1961, Bill se réveilla avant la sonnerie de son réveille-matin. En provenance d’un des coins de sa chambre à coucher, il entendait quelque chose jacasser. Se retournant dans son lit pour voir ce qu’il en était, il fut tout étonné de voir un démon hideux qui se tenait là, dans le coin. Il ressemblait en quelque sorte à un homme de Néandertal, avec des cornes qui lui sortaient de la tête. Il caquetait comme une poule qui venait de pondre un œuf. Au lieu de ressentir de la frayeur, Bill éprouva plutôt un certain amusement. Le démon ressemblait à Alley Oop, ce personnage burlesque des bandes dessinées que publiaient les journaux, et qui ressemblait à un homme des cavernes. «Meda», dit-il en allongeant une main pour lui tapoter l’épaule : «Meda, ma chérie, regarde-moi ça! «Puis il se ravisa et ne la réveilla pas. «Elle en aurait une peur bleue», pensa-t-il.

Plus il écoutait attentivement le démon jacasser, plus il arrivait à déchiffrer les mots qu’il émettait. Sans l’ombre d’un doute, le démon lui adressait la parole, il l’accusait en lui disant des choses comme : «Tu n’as aucun pouvoir avec Dieu. Tu n’es qu’un bluffeur. Tu n’as aucun pouvoir du tout.»

Bill dit : «Satan, tu m’insultes ; ôte-toi de mon chemin, dans le nom de Jésus-Christ. «Telle de l’eau sale qui s’échappe en tourbillonnant par le drain d’un évier, le démon tourbillonna sur lui-même, tel un voile liquide, et disparut. Bill s’adossa confortablement sur son oreiller et savoura le silence. Puis, il ressentit une douceur particulière l’envelopper, remplissant sa coupe de joie, jusqu’à déborder. «Le Saint-Esprit serait-Il tout près de moi en ce moment? «se demanda-t-il.

En provenance du coin opposé, la voix la plus douce qu’il n’ait jamais entendue, lui disait :

«Ne crains point de faire quoi que ce soit, ou de dire quoi que ce soit, ou encore d’aller où que ce soit, car la présence infaillible de Jésus-Christ est avec toi, en tout lieu.»

Ce matin-là, après avoir déposé les enfants à l’école, il s’emmitoufla dans ses vêtements d’hiver les plus chauds et se rendit en voiture jusqu’aux régions sauvages près de Tunnel Mill, puis escalada jusqu’à sa grotte. Malgré la température froide, il lui fallait jeûner et prier. Quelque chose de très important était sur le point d’arriver. Il pouvait le ressentir dans chacune des articulations, dans chaque fibre nerveuse, ainsi que dans son esprit.

1 Le lexique grec de Strong décrit le terme « morphe» comme la forme d’une personne ou d’un objet qui est captée par la vue, un ajustement de l’apparence extérieure pour permettre d’être captée par la vue.

2 2 Rois 6:1-17

3 Luc 8:52

4 Peut-être qu’il se basait sur 2 Corinthiens 5:6-9

5 Josué 3:7

Jules Pierre Moune

Éditeur de La Plateforme, Il peut Publier et supprimer un Article.

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