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Chapitre 81: Au-delà du rideau du temps (1960)

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Chapitre 81: Au-delà du rideau du temps (1960)

ENTRE LE 28 FÉVRIER ET LE 13 MARS 1960, William Branham prêcha quatorze sermons à Phoenix, en Arizona. Le mardi soir, soit le 8 mars, il prêcha un sermon intitulé «Le discernement de l’Esprit». Comme son ministère subissait une résistance croissante il voulait rendre ses motifs parfaitement clairs pour tout le monde. Il constata que Jean avait commandé aux chrétiens d’éprouver les esprits pour voir s’ils venaient de Dieu ou non. Bill exhortait les chrétiens à discerner l’esprit d’un ministère en considérant les motifs et les objectifs du ministre. Qu’essayait-il d’accomplir? Tentait-il d’attirer l’attention sur lui-même, se glorifiant donc lui-même? Essayait-il de promouvoir sa propre organisation? Excluait-il tout le monde afin que lui et son groupe puissent être au premier plan? Cela est un esprit faux.

Jésus ne s’était pas glorifié Lui-même, mais avait donné toute la gloire à Son Père. Un vrai ministre utilisera toujours son don pour édifier le corps de Christ, donnant ainsi la gloire à Dieu. Un vrai ministre n’essaiera jamais de diviser les gens mais toujours de les unir, non en une dénomination, mais dans une unité d’esprit. Un vrai prophète (un prophète du Nouveau Testament est un prédicateur) dirigera toujours les gens vers le Calvaire et non vers lui-même.

Bill dit : «Ne refusez pas de fraterniser avec un homme parce qu’il n’appartient pas à votre groupe. Discernez son esprit. S’il travaille au même but que vous, vous pouvez donc fraterniser ensemble. Vous travaillez pour la même grande cause, la cause de Christ.»

Moïse était un vrai prophète parce que son seul but était d’accomplir quelque chose pour le royaume de Dieu. Il renonça aux richesses et à la gloire qu’il aurait pu avoir en Égypte pour aider le peuple de Dieu à réaliser sa destinée. Comparez Moïse au faux prophète Balaam. Balaam avait un véritable don prophétique, mais il voulait l’utiliser pour devenir riche et célèbre. Bill dit : «Si vous voyez une personne possédant un don véritable qui essaie de se glorifier elle-même, votre discernement personnel des esprits vous dit que c’est faux.»

«Lorsqu’un homme est oint de l’Esprit de Dieu, il agira comme Dieu; et l’action de Dieu ne vise jamais à vous désunir. L’action de Dieu est de nous rassembler car nous sommes tous un en Christ-Jésus. Le but de Dieu est de nous unir. Aimez-vous les uns les autres. Un vrai prophète, un vrai enseignant essaiera d’amener l’église dans une unité d’esprit afin que les gens puissent reconnaître Dieu. Puissions-nous avoir le discernement des esprits nous permettant de discerner quel esprit habite tel ou tel homme, pour vérifier si c’est l’Esprit de Dieu ou non.»

De Phoenix, Bill conduisit jusqu’à Tulsa dans l’Oklahoma. Débutant le samedi 26 mars, il prêcha neuf fois en neuf jours et termina le dimanche matin, 3 avril, avec un sermon intitulé : «Comme l’aigle élève sa couvée». Il raconta comment la mère aigle recouvre son nid de duvet afin de le rendre confortable pour ses aiglons. Lorsque vient le temps d’apprendre à voler, elle enlève le duvet du nid pour le rendre inconfortable. De même, Dieu rend parfois la vie inconfortable pour ses enfants parce qu’Il veut leur apprendre quelque chose de nouveau afin qu’ils accèdent à un niveau plus élevé.

Le dimanche après-midi, il reçut un message d’une vieille connaissance, Oral Roberts, qui habitait à Tulsa. Roberts était tombé et s’était blessé la jambe et il désirait que Bill vienne chez-lui pour prier pour lui. Lorsque Bill arriva à la belle grande maison de Roberts, il trouva ce dernier alité, le genou si enflé qu’il ne pouvait pas le fléchir. Pendant que Bill demandait à Jésus de le guérir, les vaisseaux sanguins du genou de Roberts formèrent un motif en V et l’enflure diminua considérablement. En quelques minutes, Oral Roberts put se lever de son lit et accompagner Bill jusqu’à la porte.

Pendant qu’ils se disaient au revoir, Roberts demanda : «Avez-vous vu mon nouveau bureau?»

«Non, Frère Roberts. Je dois visiter Tommy Osborn demain matin. Je passerai voir votre nouvel édifice après cela.»

«Bien. Vous serez impressionné. Rappelez-vous simplement que vous avez joué un rôle dans l’établissement de mon organisation. Vous m’avez inspiré alors que j’étais jeune et débutait mon ministère.»

Le lundi, il visita le quartier général de l’organisation missionnaire mondiale de Tommy Osborn. Bill prit la parole dans la chapelle durant le culte matinal où les membres du personnel s’assemblaient pour adorer et prier avant de commencer leur journée de travail. Tommy Osborn lui fit ensuite visiter l’établissement. Une mappemonde couvrait tout un pan de mur dans le bureau d’Osborn. Des centaines de punaises indiquaient les endroits où Osborn parrainaient des missionnaires chrétiens. Il dit : «Frère Branham, je ne suis qu’un de vos élèves. C’est vous qui m’avez envoyé faire tout ceci.» Il lui donna ensuite un souvenir, une statuette représentant un Africain avec un bâton de bois dans la bouche. Osborn dit : «Pensez aux milliers de gens que nous avons délivrés de ceci.»

Bill se rendit ensuite au nouveau bâtiment administratif d’Oral Roberts qui couvrait presqu’un pâté de maisons et dont la construction avait coûté plusieurs millions de dollars. M. Fisher lui en fit faire la visite. Ils pénétrèrent à l’intérieur par des portes vitrées donnant sur un vestibule garni de marbre importé. La pièce était décorée de miroirs et de sculptures. Même le plafond était une oeuvre d’art avec ses enjolivures élaborées faites de fils d’aluminium entrelacés. Et ce n’était là que le commencement des merveilles. Bill visita le studio d’enregistrement où Roberts produisait ses émissions de radio et de télévision, les presses où il imprimait son mensuel Healing Waters [Les Eaux de la Guérison], ainsi que les nombreux bureaux réservés aux gérants, comptables, secrétaires, employés et aux centaines de machines électriques IBM servant à trier le courrier. Après avoir terminé la visite, ils retournèrent au vestibule où un policier les y attendait. «M. Branham, vous aurez de la difficulté à sortir d’ici. Il y a au moins 50 personnes qui vous attendent à l’entrée principale.»

«Y a-t-il une autre sortie?» demanda Bill.

«Oui,» dit M. Fisher. «Suivez ce couloir jusqu’à la porte arborant l’enseigne “Sortie”. Celle-ci donne sur le stationnement des employés. Si vous me donnez les clefs de votre voiture, je ferai le tour du bâtiment et vous y prendrai.»

Bill suivit ces indications et se retrouva bientôt à l’extérieur en train d’admirer l’architecture du bâtiment, remerciant Dieu pour tout ce que ce seul homme avait accompli. Il était gratifiant de penser qu’il avait pu, un jour, inspirer Oral Roberts pour débuter son ministère de guérison par la foi.

Puis ses émotions basculèrent de l’autre côté, tel le mouvement d’un balancier. Il allait avoir 51 ans dans cinq jours. Qu’avait-il accompli d’important? Il avait prêché directement à des millions de gens à travers le monde depuis 1933, il avait eu des milliers de visions, il avait prié pour des centaines de milliers de gens et il avait été témoin de centaines de milliers de miracles et de guérisons. Et que pouvait-il, ici-bas sur terre, montrer pour le prouver? Lorsqu’il comparait les ministères de Tommy Osborn et d’Oral Roberts au sien, les accomplissements de ces deux élèves semblaient surpasser ceux de leur maître. Il aurait honte de leur faire visiter son bureau administratif, une vieille roulotte où une secrétaire employée à mi-temps répondait à son courrier depuis une machine à écrire d’occasion ne fonctionnant même pas à l’électricité. Pour ce qui était de sa situation financière, il avait moins de 150 $ [105 euros] dans son compte de banque.

«Cher Dieu,» pensa-t-il tristement, «j’imagine que Tu ne peux pas me faire confiance en matière d’argent et de responsabilité comme à ces deux frères.»

À ce moment précis, il entendit, aussi clairement que tout autre son qu’il n’avait jamais entendu au cours de sa vie, une voix lui dire : «Je suis ta portion.»

Le balancier qui oscillait vers le côté de la mélancolie s’immobilisa à mi-course et fit volte-face pour revenir du côté de la paix et de la joie. Bill dit : «Merci, Seigneur. Je suis heureux que Tu sois ma portion.» M. Fisher tourna le coin de l’édifice à bord de sa voiture. Bill pensa : «À la fin de ma route, lorsque j’aurai prêché mon dernier sermon et prié ma dernière prière, Dieu me donnera peut-être une petite portion de Lui-même lorsque je serai de l’autre côté.» Cette pensée était la pensée la plus gratifiante de toutes.

Bill revint chez-lui en pensant aux trois réunions qu’il devait prêcher dans le Kentucky au cours des dix prochains jours. Lorsque trois de ses amis du Kentucky lui avaient demandé de prêcher un soir dans leur ville respective, Bill avait senti une faible pression négative dans son coeur, comme si le Saint-Esprit lui disait de ne pas y aller, mais il avait quand même accepté. Chacun de ses amis loua promptement l’immeuble abritant les bureaux et les salles d’entraînement de la Garde Nationale de leur localité et firent de la publicité pour la réunion. Malheureusement, Bill avait dû contracter un virus à Tulsa car, dès son retour à la maison, il avait les sinus bouchés et la gorge resserrée. Le lendemain, sa fièvre grimpa à 105 F [40,5°C] et il contracta une laryngite si sévère qu’il pouvait à peine chuchoter. Pendant neuf jours, il ne put exprimer que des chuchotements rauques. Il pria Dieu avec ferveur afin d’être guérit et de pouvoir respecter les engagements qu’il avait pris auprès de ses amis, mais les jours prévus pour ses réunions au Kentucky passèrent et sa fièvre le confinait toujours au lit.

Lundi matin, le 11 avril 1960, il essaya de se lever de son lit mais se sentit si faible qu’il se rassit aussitôt. Meda lui apporta un jus d’orange et une tranche de pain grillé et beurrée. Il lui fit signe de s’asseoir près de lui et chuchota : «Meda, je me demande quel est le problème. Pourquoi Dieu me laisse-t-il malade et alité alors que ces réunions étaient prévues au Kentucky? Je me demande parfois s’Il m’a vraiment appelé.»

«Bill, n’as-tu pas honte de parler ainsi?» le gronda-t-elle doucement. Dieu sait ce qu’Il fait avec toi. Garde tout simplement le silence, adosse-toi et mange ton petit-déjeuner. Je vais aller te chercher des draps propres.»

Aussitôt qu’elle sortit, la pièce disparut. Bill semblait se tenir dans le stationnement adjacent à un immeuble de la Garde Nationale. Un rayon de soleil descendit du ciel, frappa le bâtiment et le fit éclater en morceaux. Un homme et trois femmes s’approchèrent des débris en transportant des fusils à clous. L’homme prit deux morceaux de contreplaqué, les mit l’un contre l’autre et dit : «Frère Branham, nous allons vous aider à reconstruire ce bâtiment. Si vous voulez bien tenir ces deux morceaux comme ceci, je vais les clouer ensemble.»

«D’accord,» dit Bill en prenant les deux morceaux de contreplaqué et les plaçant l’un à côté de l’autre.

«Ne le fais pas!» ordonna l’ange du Seigneur. Bill laissa tomber les deux morceaux de contreplaqué. L’ange continua : «Ils sont présentement en route pour te convaincre d inscrire ces réunions de nouveau au programme dans le Kentucky. Ils croient sincèrement avoir le “Ainsi dit le Seigneur” pour ceci, mais ils se trompent. N y va pas.»

La vision le quitta. Environ une heure plus tard, Fred Sothmann passa chez-lui prendre de ses nouvelles. Dans un chuchotement rauque, Bill lui raconta la vision qu’il venait d’avoir. Puis Meda entra dans la chambre et dit : «Bill, tu as des visiteurs du Kentucky.»

Bill chuchota : «Ce sont trois femmes et un homme, n’est-ce pas?»

«Oui.»

«Ils disent avoir le “Ainsi dit le Seigneur” pour moi, pas vrai?»

«C’est ce qu’ils disent.»

Faisant signe à Fred Sothmann de s’approcher, Bill chuchota : «Frère Freddie, allez leur dire que je ne peux pas le faire. Ce sont de bonnes personnes, mais ils font sincèrement erreur.»

Une fois tous ses visiteurs partis, il se demanda encore : «Pourquoi cela m’arrive-t-il? Pourquoi ne puis-je parler? Pourquoi ne puis-je prêcher pour mes amis du Kentucky? Dieu m’a dit qu’Il allait changer mon ministère, mais je ne sais pas ce que je devrais faire par la suite. Et si je faisais une erreur? Moïse a fait une erreur lorsqu’il a frappé le rocher au lieu de lui parler. Élisée a fait une erreur lorsqu’il a maudit les enfants qui s’étaient moqué de son crâne chauve. Je ne veux pas me livrer à des conjectures et faire une erreur comme eux.»

Meda lui apporta un autre jus d’orange et le déposa sur la table de chevet. En la regardant partir, il remarqua une petite lueur sur le mur. Se retournant pour mieux voir de quoi il s’agissait, il vit la peinture se dissoudre puis le mur tout entier devenir transparent. Il vit bientôt une Bible géante suspendue dans le ciel. Comme elle obstruait le soleil, les rayons lumineux du soleil irradiaient de tous côtés derrière celle-ci. Une croix dorée sortit de cette Bible céleste et Jésus Lui-même sortit de la croix. Il descendit du ciel, passa à travers le mur et se tint dans les airs au-dessus du lit de Bill. La lumière provenant de la Bible céleste éclairait le visage de Jésus et projetait Son ombre dans la pièce. Son visage incarnait à la perfection tous les bons traits de caractère : l’amour et la compassion, la connaissance et la sagesse, la paix et la justice, l’autorité et la puissance, tout ceci et plus encore rayonnait du Seigneur. Aucun artiste n’avait réussi à rendre la profondeur de son visage sur une toile, mais l’œuvre s’y rapprochant le plus, selon Bill, était la peinture d’Heinrich Hofmann Le Christ à 33 ans. Bill avait vu le visage de Jésus deux fois auparavant, en vision, et il voyait Son caractère partout à travers la Bible… mais de voir Jésus ici, dans sa chambre, il en était submergé.

Jésus dit : «Tu attends que ton nouveau ministère te soit confirmé. Je l’ai déjà confirmé. Il ne te reste qu’à l’accpter.»

Bill comprit immédiatement. Combien de fois n’avait-il pas dit aux gens : «Jésus vous a déjà sauvé et guéri lorsqu’Il est mort sur la croix, mais cela ne vous apportera rien à moins que vous ne l’acceptiez?» Le même principe s’appliquait à son nouveau ministère. La Bible dit : «Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu…» Il ne comprenait certes pas tout ce que Dieu voulait qu’il fasse, mais il s’y connaissait assez pour faire encore un pas de foi, ayant confiance que Dieu lui montrerait la prochaine étape en temps et lieu.

Jésus ajouta : «Tu marches avec trop de gens. Pour marcher avec moi, tu devras marcher seul.»

Bill comprenait cette déclaration. Il accordait encore trop d’importance aux suggestions des autres, ce qui l’embrouillait lorsqu’il essayait d’écouter le Saint-Esprit. Son nouveau ministère était en vue, le troisième pull à portée de la main. Il était temps de se départir des opinions des autres et d’écouter la petite voix douce du Saint-Esprit guidant ses pas. C’était là la leçon que Dieu voulait qu’il tire de ces trois réunions annulées au Kentucky.

Alors que la vision s’évaporait, Bill dit : «Amen, Seigneur!» Les mots jaillirent de ses lèvres avec timbre et volume. Sa gorge n’était plus enrouée. Soudainement, il pouvait respirer librement et sa fièvre le quitta. Bondissant hors du lit, il s’écria : «Meda!»

Elle accourut dans la chambre. «Bill, tu as retrouvé la voix!»

«Bien plus que cela, j’ai retrouvé mes forces. Le Seigneur vient de me guérir.»

DEUX SEMAINES PLUS TARD, le samedi matin du 7 mai 1960, William Branham rêva que Joseph toussait. Prenant son fils de cinq ans dans ses bras, Bill le tint serré contre sa poitrine et pressa la tempe de Joseph contre sa joue. Il était brûlant de fièvre. Bill se réveilla le coeur battant. Il poussa un soupir de soulagement lorsqu’il réalisa que ce n’était qu’un rêve. Il se demanda ensuite si ce dernier avait une signification. Peut-être Joseph allait-il tomber malade.

Couché dans son lit, Bill regardait paresseusement par la fenêtre pendant qu’il réfléchissait au rêve qu’il venait de faire. Les stores étaient baissés, mais il pouvait voir un peu par les fentes entre les lattes du store. C’était un matin typique de l’Indiana au printemps : nuageux, frais et un peu venteux. Il entendit un chien japper au loin. Le vrombissement d’un camion dans Ewing Lane, couvrit temporairement les aboiements du chien.

Il s’apprêtait à se lever lorsqu’il aperçut une petite ombre brune traversant le plancher de sa chambre. N’ayant rien devant elle pour faire obstruction à la lumière, l’ombre ne semblait pas avoir de raison d’être. Elle était pourtant là. Sa forme lui semblait étrangement familière. Bill réalisa soudainement que l’ombre lui ressemblait. Il vit ensuite une ombre blanche s’avançant derrière l’ombre brune et la pousser vers l’avant. L’ombre blanche lui rappelait le Seigneur Jésus.

Bill se retourna pour voir si Meda était réveillée afin de lui montrer la vision. Elle dormait toujours. Il soupira. «Je suis désolé, Seigneur, il en fut ainsi toute ma vie. Tu as dû me pousser à accomplir toute bonne action. Si seulement Tu n’avais qu’à me guider.»

À ce moment, l’ombre blanche sembla passer devant la brune. On aurait dit que l’ombre blanche prenait la main de la brune pour la conduire. La tête de l’ombre blanche se tourna vers le lit et, un bref instant, elle prit corps. Pendant que la vision s’atténuait, Bill entrevit le plus beau visage masculin jamais vu.

Le lendemain matin, le dimanche 8 mai 1960, Bill rêva qu’il était dans l’Ouest. Une contrée sèche, parsemée d’herbes du désert et de buissons qui embaumaient l’air de leur parfum semblable au créosote, se déployait à ses côtés. Dans son rêve, il revenait d’une partie de pêche avec son épouse. Bill tenait sa canne à pêche d’une main et une enfilade de truites de l’autre. Il s’arrêta pour ouvrir le portail d’une clôture en fils de fer barbelé. «Le ciel est si clair, ici dans l’Ouest,» dit-il. «On n’y retrouve pas le brouillard bleuté qui plane au-dessus de Jeffersonville. Nous aurions dû déménager ici il y a longtemps, Meda.»

«Oui, Billy, nous aurions dû pour le bien des enfants.»

Bill se réveilla. Il était 7 . «J’ai fait tellement de rêves ces derniers temps,» pensa-t-il. «Je me demande pourquoi?» S’appuyant sur un coude, il jeta un coup d’oeil à sa femme et dit : «Es-tu réveillée, ma chérie?» Elle ne bougea pas. Se retournant sur le dos, il se remonta un peu sur l’oreiller jusqu’à ce que sa tête frôle la tête de lit. Puis il se croisa les mains derrière la tête en pensant : «Je suis heureux de ne pas avoir besoin de prêcher ce matin. Il fera bon de simplement rester assis et d’écouter frère Neville prêcher pour faire changement.»

Ses pensées retournèrent ensuite à son rêve. Celui-ci avait dépeint une image si paradisiaque de l’Ouest que Bill se mit à penser à ce qui l’attendait dans l’au-delà. Comment était-ce de mourir? Il savait qu’il entrerait dans sa théophanie instantanément, mais il ne savait pas trop à quoi ressemblerait ce corps céleste. Allait-il avoir une forme quelconque? Il savait qu’il aurait un corps à l’état solide lorsque Jésus reviendrait sur la terre pour établir Son royaume millénaire. Et s’il mourrait avant la deuxième venue de Christ? Quelle apparence aurait-il en attendant? Serait-il comme un esprit, tel un nuage flottant ça et là, incapable de parler à ses amis ou de leur serrer la main? Cette pensée n’était pas très séduisante.

«J’espère ne pas avoir à passer par là,» pensa-t-il. «J’aimerais mieux demeurer un homme jusqu’à l’enlèvement. Je me demande combien de temps il me reste encore. J’ai 51 ans, alors au mieux, plus de la moitié de mon temps sur la terre est déjà écoulée, probablement plus encore. Papa est mort à l’âge de 52 ans. C’est vrai qu’il s’est fait mourir à force de boire. Mais je n’ai aucune garantie de vivre plus longtemps que lui. Si je veux faire quelque chose de plus pour Dieu, je ferais aussi bien le faire bientôt.»

Il entendit alors une voix provenant d’un endroit indéfini dire : «Tu ne fais que commencer ». Poursuis le combat.»

Bill se dit en secouant la tête : « J’ai probablement imaginé cela.»

La voix répéta : «Poursuis le combat. Tiens bon.»

«C’est peut-être moi qui ai dit cela, » pensa Bill. Il mit sa main sur sa bouche pour s’assurer que ses lèvres ne bougeaient pas.

La voix répéta alors pour la troisième fois : «Ta récompense s’en vient. Poursuis tout simplement le combat. Si seulement tu savais ce qu’il y a en réserve pour toi au bout du chemin…»

Bill entendit faiblement une chorale chanter un vieux cantique d’église :

J’ai le mal du pays, je veux voir Jésus;

Je voudrais entendre les cloches du port carillonner;

Cela éclairerait mon sentier et balaierait mes craintes;

Seigneur, laisse-moi voir au-delà du rideau du temps.

La voix demanda : «Aimerais-tu voir juste au-delà du rideau du temps?»

«Cela m’aiderait tellement,» répondit Bill.

Ce qui se produit ensuite, il ne pourra jamais l’expliquer. Tantôt, il était couché dans son lit, tantôt il s’était retrouvé à flanc de coteau surplombant une large plaine verdoyante. Des milliers de gens traversaient la plaine et accouraient vers lui en criant : «Notre précieux frère!» Il ne pouvait que deviner combien de milliers ils étaient, mais ils devaient bien être des millions courant vers lui de toutes les directions. Ils avaient tous l’air jeune, dans le début de la vingtaine, des hommes et des femmes éclatants de jeunesse, les yeux brillants comme des étoiles et les dents étincelantes comme des perles. Ils couraient pieds nus, leurs robes blanches ondoyant autour d’eux tandis qu’ils s’élançaient vers lui. La chevelure ébouriffée des hommes tombait jusqu’à leurs épaules tandis que les cheveux des femmes cascadaient jusqu’à leur taille.

S’il s’agissait d’une vision, celle-ci était différente de toutes celles qu’il avait expérimentées. Il pouvait sentir l’herbe moelleuse sous ses pieds nus et une douce brise sur son visage. Mais encore plus étrange était le fait qu’il pouvait toujours voir sa chambre à environ 20 pieds [6 m] plus loin et à 45 degrés du plan où il se tenait. Il y voyait sa chemise qui était accrochée à un des poteaux du lit et sa femme qui dormait. Le plus étrange de tout ceci était qu’il pouvait voir son propre corps allongé là, près de celui de sa femme. Ses yeux étaient fermés comme s’il dormait, ou comme s’il était mort. Comme s’était étrange de se regarder, là sur le lit, et de se voir comme les autres le voyaient : son corps maintenant âgé de plus d’un demi-siècle, le front chauve, les cheveux gris clairsemés et la peau ridée. Peau? Il baissa les yeux sur ses mains. Ici (où que ce soit que ici pouvait bien être) sa peau avait l’air douce et ferme. Portant la main à son front, il passa ses doigts dans une épaisse toison de cheveux bouclés.

«Je ne comprends pas,» dit-il. «Je suis peut-être mort d’une crise cardiaque? Mais qui sont tous ces gens qui courent vers moi?»

La voix lui dit : «Ne te souviens-tu pas qu’il est écrit que les prophètes étaient réunis avec les leurs?»

«Oui, je m’en souviens. Mais ils ne sont sûrement pas tous des Branham.»

«Ce ne sont pas des Branham. Ce sont les gens que tu as convertis au Seigneur.»

Une charmante jeune femme fut la première à l’atteindre. Elle le serra dans ses bras en s’exclamant avec joie : « Oh, mon précieux frère!» Son étreinte était aussi réelle que celle de son épouse ici-bas sur la terre, mais ici la sensation était différente.

La voix dit : « Ne la reconnais-tu pas?»

«Non.»

«Tu l’as amenée au Seigneur lorsqu’elle avait plus de 90 ans.»

Bill prit la jeune femme par les épaules et la fit reculer de quelques pas afin de pouvoir l’examiner comme il faut. Elle était l’une des plus belles femmes qu’il avait vue de sa vie mais ne se souvenait pas l’avoir vue auparavant. Il était difficile de l’imaginer en vieille femme ridée. Pas surprenant qu’elle soit si heureuse de le voir maintenant.

Bien qu’il ne reconnût pas cette première femme, il reconnut la suivante. C’était Hope, sa première épouse. Elle était aussi radieuse que le jour de leur mariage. Lorsque Hope le prit dans ses bras, elle ne dit pas : « Mon cher mari.» Elle dit plutôt : «Mon cher frère!» Puis elle se retourna et fit une accolade à la première femme et toutes deux s’écrièrent : «Ma chère soeur!»

Bill sentit l’amour dans son coeur se déployer jusqu’aux confins de l’univers. Il ne pouvait y avoir de jalousie ici. Cet endroit resplendissait de perfection. Non, c’était plus que parfait, c’était sublime. Non, ce n’était pas sublime, c’était… Il cherchait le mot juste, mais n’en trouva pas d’adéquat. Tous les grands concepts du dictionnaire ne pouvaient rendre justice à cette réalité.

«Je ne comprends pas tout ceci,» dit-il.

La voix expliqua : «C’est le Saint-Esprit, comme tu l’as prêché. C’est l’amour pafait. Rien ne peut pénétrer ici sans cet amour.»

La foule l’avait maintenant entouré. Les jeunes hommes le prirent sur leurs épaules et le transportèrent jusqu’au sommet de la colline. Ils le posèrent ensuite par terre, reculèrent un peu et s’écrièrent : «Notre précieux frère!» La multitude entourant la colline se joignit au refrain, des centaines de milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes s’exclamant tous : «Oh, notre précieux frère!»

Bill leva la main, pour faire taire la foule excitée. Lorsqu’ils se furent enfin assez calmés pour

l’entendre parler, il dit : «Je ne devrais pas être ici. Je n’ai rien de spécial.»

La voix dit : «Tu as été appelé à être un leader.»

La multitude proclama à voix haute : «Nous ne serions pas ici si tu n’avais pas prêché

l’Évangile!»

«Où est “ici”?» demanda Bill. « Où suis-je?»

La voix répondit : «C’est l’endroit que les Écritures ont appelé “les âmes sous l’autel”.»

«Si je suis derrière le rideau du temps, alors je veux voir Jésus.»

«Il est juste un peu plus haut. Ton peuple attend ici le retour de Jésus. Lors de Son retour, Il viendra à toi premièrement, ensuite toi et tes gens sere%jugés selon l’Évangile que tu as prêché.»

«Chaque leader devra-t-il être jugé? Qu’en est-il de Paul?»

«Oui.»

«Alors tout se passera bien pour moi parce que j’ai prêché ce que Paul a prêché. Il baptisait dans le Nom du Seigneur Jésus-Christ et j’ai fait de même. Il a enseigné le baptême du Saint-Esprit, je l’ai fait aussi. Tout ce que Paul a enseigné, je l’ai enseigné de la même façon.»

«Nous nous reposons là-dessus!» s’exclama la multitude. «Nous sommes plein d’assurance. Tu nous présenteras Jésus-Christ notre Sauveur puis nous retournerons tous sur la terre pour vivre éternellement.»

À ce moment, Bill sentit comme un petit coup de coude amical dans le dos. Il se retourna et

vit Prince, le cheval qu’il avait l’habitude de monter lorsqu’il était un gamin. «Prince! Je savais que

tu serais ici.» Prince appuya son museau sur l’épaule de Bill et hennit doucement. Bill sentit ensuite quelque chose lui lécher la main. En baissant les yeux il vit le meilleur ami de sa jeunesse, son chien métissé. «Fritz, je savais que tu serais ici toi aussi.»

La voix dit : «Tous ceux que tu as aimés et tous ceux qui t’ont aimé, Dieu te les donne ici.»

La scène se dissipait au fur et à mesure que sa chambre reprenait une forme plus substantielle.

«Faut-il vraiment que je retourne dans cette vielle carcasse?», demanda Bill.

«Oui. Tu dois continuer à presser le pas et à livrer la bataille.»

Dès la respiration suivante, il était revenu dans son vieux corps. Mais il y avait une différence. Quelque chose avait changé à l’intérieur de lui, sa crainte de la mort était complètement partie. Il savait maintenant ce que Paul avait voulu dire lorsqu’il avait écrit : Nous savons, en effet, que si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons dans les cieux un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite par la main des hommes.

Il s’assit sur le bord de son lit. «Meda, es-tu réveillée?» demanda-t-il. Elle ne répondit pas. Bill s’agenouilla près de son lit et pria : «Cher Dieu, aide-moi à ne jamais faire de compromis avec Ta Parole. Laisse-moi La prêcher exactement comme Paul l’a fait. Je ne me soucie pas des problèmes qui pourraient s’ensuivre, ou ce que les autres font, laisse-moi demeurer fidèle à Ta Parole et à presser le pas vers cet endroit.»

Le dimanche suivant, après avoir raconté son expérience à sa congrégation, Bill dit : «Imaginez, flottant quelque part dans l’espace, un bloc d’amour parfait mesurant des milliards de milles [kilomètres] carrés. Imaginez maintenant que ce bloc rétrécit au fur et à mesure qu’il s’approche de la terre, jusqu’à ce qu’il atteigne le point précis où nous nous trouvons. Ce point est l’amour que nous ressentons présentement, l’ombre seulement de ce qui nous attend de l’autre côté. Oh, mes précieux amis, mes chéris de l’Évangile, mes enfants que j’ai engendrés à Dieu, écoutez-moi, votre pasteur. J’aimerais être capable de vous l’expliquer, mais les mots sont insuffisants. La chose la plus glorieuse nous attend à notre dernier souffle. Quoi que vous fassiez, mes amis, ne le manquez pas. Mettez de côté toute autre chose jusqu’à ce que vous atteigniez l’amour parfait. Que vous puissiez vous rendre au point où vous aimez tout le monde, même vos ennemis.

«Cette seule visite m’a changé. Je ne peux plus être le même Frère Branham que j’étais auparavant. Peu importe que l’avion soit ébranlé, que les éclairs fusent de toutes parts ou que quelqu’un me menace d’un fusil; quoi que ce soit, cela n’a pas d’importance. Par la grâce de Dieu je continuerai à presser le pas et à combattre. Je prêcherai l’Évangile à tous ceux que je pourrai et les persuaderai d’accepter Jésus-Christ en tant que leur Sauveur afin qu’ils puissent entrer dans ce beau pays de l’au-delà.»

Jules Pierre Moune

Éditeur de La Plateforme, Il peut Publier et supprimer un Article.

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