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 Chapitre 87: L’épée du Roi (1963)

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Chapitre 87: L’épée du Roi (1963)

Tucson, arizona est comme une oasis du désert, situé à une quarantaine de milles [65 km] au nord de la frontière qui sépare les États-Unis du Mexique. En 1963, la ville de Tucson comptait bien environ 300 000 âmes. Sa population augmentait considérablement pendant les mois d’hiver tandis que des milliers de visiteurs, en provenance des états plus nordiques, y migraient pour profiter de son climat chaud. Les résidents les appelaient des «oiseaux des neiges». Mais lorsque l’été s’installait, plusieurs de ces «oiseaux des neiges «retournaient plus au nord afin d’échapper aux canicules caractéristiques de Tucson. Cependant, quelques-uns décidaient toujours d’y rester, de telle sorte que la population de Tucson allait s’accroissant d’année en année.

William Branham et sa famille arrivèrent à Tucson vers midi, le vendredi 4 janvier 1963. Bien que Bill se fût rendu plusieurs fois à Tucson, ses avenues spacieuses à quatre voies l’impressionnaient encore. Dans le Sud-Ouest américain, il y a de l’espace en abondance. L’eau se fait rare cependant. Bill remarqua qu’il y avait bien peu de pelouses verdoyantes. De nombreux citoyens utilisaient plutôt des cactus et autres plantes indigènes afin d’économiser l’eau. La plupart des maisons étaient construites en briques, les murs étant enduits de stuc et les toits, en tuiles d’argile, de style espagnol. Mais ce qui l’impressionnait le plus, c’était le massif montagneux de Catalina, situé à l’extrémité sud (des USA) du Continental Divide [note de l’éditeur : ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et le Pacifique]. Cette chaîne de montagnes en dents de scie, au nord de Tucson, enchâssait la ville de trois côtés.

La famille Branham fit d’abord escale chez les Norman. Gene Norman les conduisit ensuite à la petite maison qu’il avait louée pour eux. Gene soupçonnait bien qu’elle serait trop petite pour une famille de cinq, mais c’était la seule qu’il avait pu trouver dans la fourchette de prix que Bill lui avait spécifiée. Bill le remercia et la famille s’affaira à défaire les valises. Billy Paul arriva quelques jours plus tard avec son épouse, Loyce, et leur nouveau-né. Billy Paul loua une maison plus spacieuse, lui permettant non seulement de loger sa famille, mais aussi d’y installer un bureau pour pouvoir continuer à coordonner les campagnes de son père.

Lundi matin, Meda inscrivit les enfants à l’école. Rebekah, âgée de 16 ans, avait déjà complété la première moitié de sa 11e année d’école [note de l’éditeur : 4e année du secondaire]. Sarah qui avait onze ans, se trouvait en sixième année, sa dernière année d’école primaire. Le petit Joseph, âgé de sept ans, était en deuxième année.

Peu de temps après, Bill loua une plus grande maison pour loger sa famille — en réalité, c’était un duplex. Il avait loué les appartements adjacents d’un duplex et avait donc maintenant deux adresses : le 3908 et le 3910 Park Avenue. Ils étaient un peu plus à l’étroit qu’à leur maison à Jeffersonville, mais les quatre chambres à coucher leur assuraient tout de même le confort nécessaire. De plus, c’était tout de même plus spacieux que là où Gene Norman les avait installés. Ne sachant pas combien de temps le Seigneur lui demanderait d’y demeurer, Bill se disait que pour l’instant, ces deux appartements feraient l’affaire. Et si Dieu lui demandait d’y demeurer définitivement, il pourrait toujours se chercher une plus grande maison à ce moment-là.

Le samedi 12 janvier 1963, Bill se rendit à cent milles [160 km] plus au nord pour commencer une campagne de prédications qui l’emmènerait à visiter une douzaine d’églises dans la région de Phoenix au cours des deux prochaines semaines. Le dimanche après-midi du 27 janvier, il compléta sa tournée à l’hôtel Ramada où il prêcha «L’Absolu «devant le Hommes d’affaires du plein Évangile. Il leur démontra à quel point la notion d’un absolu était importante dans la société, utilisant des exemples aussi variés que les arbitres sportifs, les feux de circulation à la croisée des chemins et les décisions légales de la Cour suprême des États-Unis. Il basa son texte sur Philippiens 1:20-22, où Paul disait : «Car Christ est ma vie, et mourir m’est un gain. «Jésus-Christ était l’absolu de Paul ; la source de toutes ses forces et le fondement de toutes ses décisions. Il devait en être ainsi pour chaque chrétien.

«Dans cet âge atomique d’incertitude, leur dit Bill, le chrétien a besoin de plus qu’une simple appartenance à une église. Vous avez besoin d’une ancre, d’un absolu infaillible. Les églises failliront, les hommes failliront, mais Christ, lui, est infaillible. Il est l’Absolu du croyant. Si Christ est votre absolu et que vous Lui restez attachés, vous serez alors attachés à la Parole de Dieu. Comment savoir si vous avez le bon absolu ou non? Si en lisant les Écritures, vous découvrez que Christ nous commissionne et, qu’au lieu de croire la Parole de Dieu, quelqu’un vous convainc qu’il s’agit d’une commission réservée seulement aux disciples de Jésus ou qu’elle s’applique à quelqu’un d’autre — or si vous croyez cette personne, et non pas les Écritures, alors Christ n’est pas votre absolu. Christ, la Parole, doit être votre absolu. Ne laissez rien vous détourner de la Parole.»

«Lorsque Dieu donne le Saint-Esprit, il place l’individu sur le chemin face au Calvaire, la Parole droit devant lui. Maintenant, il y a des petites vignes qui se dresseront en bordure du chemin et qui voudront s’enrouler autour du petit arbre, et vous penserez qu’elles sont bien inoffensives. Mais la première chose que vous saurez, elles exerceront une telle force sur vous qu’elles vous tireront de côté et vous donneront un mauvais penchant. C’est ainsi que les philosophies mondaines se sont infiltrées et qu’elles ont commencé à nous attirer vers le monde. Vous devez prendre l’épée à deux tranchants de la Parole de Dieu et couper les liens avec toutes ces choses du monde qui vous retiennent captifs, afin de garder le cap sur la Parole, parce qu’Elle est fondamentale ; Elle est l’Absolu de chaque croyant.»

«Un homme ou une femme, rempli du Saint-Esprit, ponctuera chaque promesse de Dieu d’un “Amen.” Quelqu’un pourrait vous affirmer : “Le jour des miracles est terminé” ; ou “La guérison divine n’existe pas”, ou encore que “Le baptême du Saint-Esprit était pour un autre âge”, mais vous devez lire dans la Bible ce que Pierre a dit ce jour-là de la Pentecôte, lorsque les hommes eurent le cœur vivement touché et qu’ils voulaient savoir ce qu’ils devaient faire pour être sauvés. Maintenant, si la participation à une église avait été la réponse, il leur aurait dit : “Trouvez le corps et joignez-vous à l’église.” Mais ce n’est pas ce qu’il a dit. Il leur donna l’exacte prescription de ce qu’ils devaient faire. Il dit : “Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés et vous recevrez le don du Saint-Esprit ; car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.” Voilà l’absolu. Le chrétien rempli du Saint-Esprit basera toujours sa foi et ses actes sur la Parole de Dieu.»

De retour à Tucson, Bill prit un repos bien mérité. Il ressentait encore le fardeau de l’incertitude qui exerçait une pression sur sa cage thoracique, pareillement à la pression qu’un bœuf exerce sur le cow-boy lorsqu’il le pousse contre une des parois du corral. Il avait beau la repousser, elle revenait toujours. Un matin, peu après son retour de Phoenix, il se réveilla très tôt et resta au lit pour considérer l’avenir, se demandant pourquoi le Seigneur l’avait envoyé dans l’Ouest. Il se remémora la vision récente des anges qui étaient venus le joindre, en forme de pyramide. La vision avait commencé par une telle déflagration qu’il se demandait comment quiconque pourrait y survivre. Pourtant, il avait entendu la voix de Joseph qui l’appelait. Qu’est-ce que ça voulait dire? Si le Seigneur comptait le ramener à la maison bientôt, il lui fallait prévoir comment l’église prendrait soin de sa famille. Peut-être pourraient-ils lui octroyer une pension. Billy Paul aurait bientôt 28 ans et serait en mesure de subvenir à ses besoins, mais Bill se faisait du souci pour le reste de la famille dont la survie reposait entièrement sur lui.

Une voix douce lui dit : «Rends-toi au canyon Sabino.»

Sans déjeuner, il quitta l’appartement et prit la route pour se rendre jusqu’à la frontière septentrionale de Tucson, là où le massif des montagnes Catalina s’élevait abruptement et empêchait la ville de s’étendre plus au nord. Il poursuivit sa route, direction est, longeant le massif montagneux qui prenait des reflets cuivrés sous les rayons du soleil levant. De nombreux canyons découpaient cette chaîne de montagnes. L’un d’eux était devenu un parc national. Bill engagea son automobile dans le canyon Sabino et suivit le chemin escarpé qui longeait le ruisseau Sabino. En hiver, ce ruisseau regorgeait d’eau à cause de la fonte des neiges depuis les pentes escarpées du mont Lemmon. Le torrent coulait en cascadant, de bassins d’eau en bassins d’eau, tantôt il se jetait par-dessus les rochers, tantôt il les contournait, irriguant une grande variété d’arbres sur son passage — des sycomores, des peupliers, des saules, des frênes et des noyers. Au bas de la pente, le ruisseau s’allongeait à sa droite (du côté est du sentier), mais à peine un mile [1,600 km] plus loin, il dut enjamber le cours d’eau plusieurs fois sur des petits ponceaux de béton et de pierre, si bien que le ruisseau se trouvait maintenant sur sa gauche. Bientôt, le chemin s’écarta du ruisseau et monta en flèche sur plusieurs centaines de pieds [mètres], pour se terminer à l’aire de stationnement aménagée à l’embouchure des sentiers de randonnée pédestre.

Bill s’engagea dans le sentier qui longeait le mur oriental du canyon. Une fois rendu au-dessus de la cime des arbres il fit une pause pour écouter les oiseaux, en contrebas, se disputer le territoire. Quelque part en haut de la paroi, une tourterelle roucoulait une romance à son partenaire. Les lueurs matinales caressaient déjà la pente occidentale du canyon Sabino, mais sur la pente orientale, Bill dû escalader dans l’ombre les immenses parois qui dominaient au-dessus de lui.

Ici, le paysage était comme un jardin botanique merveilleux. Au bas de la pente, il voyait de grands cactus saguaro, se tenant comme d’imposantes sentinelles élevant leurs bras pour louer le Seigneur ; tandis que des variétés plus petites défendaient leurs positions parmi les rochers. Il pouvait voir des cactus en forme de tonneaux arborant des centaines d’aiguilles aux bouts crochus et des figues de Barbarie qui ressemblaient à une collection de raquettes de ping-pong garnies d’aiguilles. Il y avait aussi les arbustes désertiques, tels les mesquites et les paloverde. Ces arbustes cachaient leurs nombreuses épines sous une profusion de minuscules feuilles cireuses. Au-dessus de lui, la pente douce du canyon mourait à la rencontre d’une imposante paroi qui se dressait sur plusieurs centaines de pieds [mètres] à la verticale. Bien peu de végétaux réussissaient à s’accrocher à ces sommets rocailleux.

Après une escalade d’une vingtaine de minutes, Bill parvint aux buttes escarpées du niveau intermédiaire — un regroupement de monticules très escarpés situés bien en dessous des crêtes les plus élevées, tout en étant bien au-dessus du fond du canyon. Il gravit la butte la plus proche puis il trouva un endroit suffisamment plat pour se reposer. Il y avait bien encore quelques colonnes rocheuses qui s’élevaient au-dessus de lui, mais ce niveau-ci ferait l’affaire. Il aperçut un chevreuil se promenant le long d’un sentier de chasse, sur le flanc de colline, juste en contrebas. Bill resta immobile tandis que le chevreuil s’arrêta et dressa la tête pour mieux entendre et saisir tout signe de danger. Tout ce que Bill pouvait entendre était le faible gargouillement du ruisseau qui se fondait avec le souffle feutré d’une brise légère. Soudainement, une bourrasque de vent enleva son chapeau qui se mit à rouler par terre jusqu’à ce qu’il se prenne dans la poigne épineuse d’un ocotillo qui se trouvait à quelques pieds de lui. Surpris par ce mouvement soudain, le chevreuil bondit et prit sa fuite.

Récupérant son chapeau, Bill s’agenouilla près de l’ocotillo et pria. L’ocotillo, ou cactus grimpant, est un buisson qui n’a pas de tronc central, mais plutôt de nombreuses tiges verticales émergeant d’un point central au sol. Ses branches sont recouvertes de feuilles recelant chacune une épine d’un pouce de long [2,5 cm]. L’ocotillo est de la même famille que la plante épineuse qui pousse en Israël et dont le soldat romain avait tressé les tiges pour faire une couronne d’épines à notre Seigneur Jésus-Christ, le jour de Sa crucifixion.

Déposant sa Bible par terre, Bill se tourna vers les parois qui s’élevaient à l’est, leva les mains au-dessus de sa tête et pria à haute voix : «Oh, Seigneur! Que signifie cette explosion dans la dernière vision que Tu m’as donnée? Annonce-t-elle ma mort? Ce n’est pas que j’ai peur de mourir, mais j’aurais besoin de le savoir, afin de faire les préparatifs pour ma famille. Si Tu veux me ramener à la maison sous peu, fais-le juste ici sur cette montagne afin qu’ils ne trouvent jamais mon corps. Tu pourrais peut-être faire en sorte qu’un de ces jours, Joseph trouve la Bible que j’ai déposée juste ici.»

Soudainement, il sentit un objet solide toucher sa main droite. Instinctivement, ses doigts s’enroulèrent autour de l’objet et il jeta un coup d’œil pour voir ce que c’était. Il fut bien étonné de voir qu’il tenait fermement une épée à double tranchant, la lame pointant vers le ciel. Il rapprocha l’épée pour l’observer plus attentivement. Sa garde semblait être en or et la poignée, en nacre. Une trouée à l’extrémité orientale du canyon laissa passer les rayons ardents du soleil levant et la lame de l’épée se mit à scintiller de tous ses feux. Le fil de l’épée était si tranchant qu’on aurait dit un rasoir. Bill éprouva un mélange de fascination et de répulsion à la vue de cette lame à deux tranchants. Il avait toujours eu peur des épées et se réjouissait de ne pas avoir vécu à l’époque des règlements de conflits au fil de l’épée.

«C’est étrange», dit-il, en faisant siffler l’épée tout en la tournoyant dans les airs, «elle me parait tout aussi réelle et tangible que tout autre objet que je n’ai jamais eu l’occasion de tenir dans ma main. Le même Dieu qui a créé un bélier pour Abraham et qui m’a fait apparaître ces écureuils en Indiana et au Kentucky doit certainement se tenir quelque part tout près de moi en ce moment même. Et voilà qu’Il a créé cette épée. Mais que dois-je en faire? Je sais que les rois avaient coutume d’anoblir les preux chevaliers au moyen de leur épée royale. Peut-être qu’il me faudrait imposer les mains sur quelqu’un afin de l’ordonner ministre de l’évangile.»

Il fut stupéfait d’entendre une voix gronder depuis les sommets : «C’est l’épée du Roi!»

«Mais pourquoi donc me montrer une épée de roi? «demanda Bill encore incertain.

«Non, pas une épée “de” roi, la voix lui répliqua-t-elle, mais bien l’épée “DU” Roi. «en insistant bien sur l’article «du».

Dans un flash soudain de soleil, l’épée disparut. Bien que sa main était maintenant dénudée, son cœur lui, était rempli. Il saisissait bien le sens maintenant. Dieu est le Roi et l’épée du Roi c’est Sa Parole — la Bible. La vérité de la Bible a été la seule arme solide pour en arriver à la défaite de Satan et de ses démons. Ce fut le seul guide à montrer le chemin vers la vie éternelle. Ce fut la boussole que Bill utilisait pour orienter sa vie. C’était son absolu.

Tandis que les palpitations de son cœur s’atténuaient graduellement, il sentait que le Seigneur lui parlait tout doucement, comme une voix à l’intérieur de sa tête qui lui disait : «Ne crains pas de mourir. Il s’agit du troisième  »pull » de ton ministère.»

Saisissant sa Bible, Bill regagna sa voiture en dévalant le sentier à la course, poussant des cris de joie qui faisaient échos entre les parois aux reflets dorés du canyon. Il était maintenant satisfait que la vision des anges n’annonçait pas sa mort — du moins pas pour l’instant. Dieu avait encore quelque chose à lui faire faire avant de le rappeler.

QUELQUES JOURS PLUS TARD, Bill demanda à Billy Paul d’envoyer une carte postale à tous ceux qui figuraient sur la liste de rappel des campagnes Branham afin de les informer qu’il serait de passage à Jeffersonville pour tenir une série de réunions spéciales du 17 au 24 mars prochain. Il n’avait prêché qu’une seule fois pendant le mois de février, et comme la réunion avait eu lieu à Tucson, il n’avait pas eu besoin de voyager bien loin. Se sentant frais et dispos, il avait hâte d’aller à la chasse aux pécaris avant de retourner à Jeffersonville.

Les pécaris, variété de sangliers, sont typiques de l’Amérique et sont présents de l’Arizona à l’Argentine. Bien qu’ils ressemblent aux cochons domestiques, ils en diffèrent par des traits squelettiques et dentaires. Les pécaris se déplacent en bandes de plus de 25 individus et sont bien adaptés à survivre dans le rude environnement du désert de l’Arizona. Ils se nourrissent de plantes, de petits animaux et de charogne. Leur robe brune marbrée leur permet de bien se dissimuler au travers des éléments du désert ce qui relève du défi de les chasser avec succès.

En 1963, la saison de chasse aux pécaris en Arizona, débutait le vendredi 1er mars, et s’échelonnait jusqu’au 10 mars. Au début, Bill comptait chasser le jour de l’ouverture de la saison. Ces plans furent bouleversés cependant, lorsqu’il reçut un long télégramme d’une femme du Texas. Elle l’implorait de venir à Houston intercéder pour son fils, condamné à la peine de mort, en demandant à la cour de le gracier. Ayant lu à propos de cette affaire dans les journaux, Bill se disait qu’il ne pourrait jamais plus aller à la chasse s’il ne tentait pas d’intervenir en faveur de ce jeune condamné. Il repoussa son expédition de chasse et projeta plutôt un bref séjour à Houston. Il téléphona également au pasteur de Houston qui lui avait déjà demandé de venir prêcher en son église, si jamais il était de passage.

Le dimanche 3 mars 1963, Bill et Billy Paul se rendirent à Houston, au Texas. Le lundi matin, Bill fit appel à la cour. 1Lundi soir, il se rendit à l’auditorium de la ville pour prêcher et partit dès la fin de son sermon pour retourner à la maison. Des amis le ramenèrent à Tucson tandis que Billy Paul prenait la direction du nord-est pour Jeffersonville.

Le mercredi 6 mars, William Branham, Fred Sothmann et Gene Norman déposèrent leurs fusils et leurs équipements de camping dans la camionnette de Fred Sothmann et s’embarquèrent sur l’autoroute en direction est, jusqu’à la ville de Wilcox. De là, ils s’engagèrent sur une route de gravier qui virait au nord, jusqu’à ce qu’ils atteignent la façade est de la chaîne de montagnes. Ils se trouvaient alors à proximité de la ville fantôme de Sunset, en Arizona, qui fut, autrefois, une ville minière prospère. Le sommet le plus élevé de la région, le Sunset Peak s’élevait à 7 104 pieds [2 165 m] au-dessus du niveau de la mer. Il surplombait d’au moins 2 000 pieds [600 m] la plaine qui s’allongeait entre les montagnes de Galiuro, à l’est, et les montagnes Pinaleno, au nord.

En après-midi, ils montèrent le camp dans le lit d’un oued desséché, juste en face d’une falaise incurvée comme les doigts d’une main gigantesque qui serait déposée là, paume tournée horizontalement. Le fond du canyon était parsemé de mesquites feuillus qui fournissaient de beaux espaces ombragés aux campeurs. Dès le jeudi, Bill avait repéré un troupeau de pécaris et en avait tué un, mais ses compagnons avaient regagné le camp, bredouilles, n’ayant même pas tiré une seule balle. Maintenant que Bill savait où le troupeau de cochons sauvages se situait, il pensait bien pouvoir aider Fred et Gene à faire mouche le lendemain.

Dès l’aube du vendredi matin, 8 mars, Bill envoya Fred et Gene se balader d’un côté tandis qu’il partit de l’autre, avec l’intention de rassembler le troupeau et de l’inciter à se diriger dans leur direction. Ils se trouvaient en pleine lande, là où les mesquites poussaient jusqu’à 10 à 25 pieds [de 3 à 7,50 m] de hauteur, tout dépendant de la profondeur du sol. À cette altitude de l’étendue sauvage Galiuro, il faisait trop froid pour les saguaros à grands bras, par contre, d’autres variétés de cactus y abondaient tels les échinocactus en forme de tonneau, les Palo Verde et les figues de Barbarie. Au fond du canyon, la végétation était plus dense, offrant de nombreuses cachettes aux pécaris. Bill escalada donc jusqu’à la crête supérieure du canyon afin de pouvoir repérer les pécaris camouflés. À cette altitude, il pouvait admirer l’alignement de crêtes et de sommets qui donnaient naissance à cette chaîne de montagnes intermédiaires. Le Sunset Peak se dressait un peu au sud de Bill tandis que le China Peak s’élevait à environ 10 milles [15 km] plus au nord. La ville de Tucson, elle, se déployait à environ 40 milles [65 km] en direction sud-ouest.

Il se promena pendant de nombreuses heures, parfois en terrain élevé, parfois au fond des petits ravins, faisant de fréquents arrêts pour étudier le terrain à travers ses jumelles. Vers 8 h du matin, il aperçut Gene et Fred à plus d’un mile [1,600 km] de lui. Fred avait réussi à se rendre sur l’autre versant du canyon. Bill lui fit signe de la main en guise de salutation et Fred lui répondit de même. Le ciel était maintenant parfaitement dégagé, la fraîcheur du matin s’était complètement dissipée et le soleil tapait directement sur le chapeau noir de Bill, déclenchant un ruissellement de sueur sur son front, malgré le bandeau éponge qui garnissait son chapeau. Il s’assit sur une roche pour se reposer et posa son fusil sur ses genoux. Remarquant qu’un gratteron du désert s’agrippait à une de ses jambes de pantalon, il l’arracha et examina la petite boule épineuse qu’il tenait entre les doigts. Habituellement, les gratterons ne poussent pas dans ces montagnes arides, mais ce gratteron-ci lui semblait étrangement familier.

Sa vision périphérique capta un mouvement au fond du canyon. Environ 500 verges sous lui [450 m], un pécari s’était arrêté près d’un genévrier. À travers ses jumelles, Bill pouvait maintenant voir une bonne vingtaine de cochons sauvages circulant dans les broussailles. Ils n’étaient pas conscients du danger qui les surveillait. Bill laissa tomber le gratteron et quitta les lieux en se faufila silencieusement. Lorsque les pécaris furent hors de vue, Bill se leva et courut le long d’une crête puis il suivit une piste de chasseurs jusqu’au fond du canyon. Tout en courant, il réfléchissait à la meilleure stratégie pour inciter les porcs sauvages à remonter le canyon, afin de permettre à ses amis de faire mouche.

Soudainement, une formidable explosion fit trembler la terre. Des nuages de poussière se soulevèrent, tandis que des roches de la grosseur de gros seaux à eau se mirent à débouler le long des pentes du canyon. Pendant un bref instant, Bill croyait qu’on avait tiré sur lui. En levant les yeux vers le ciel, du côté occidental, il vit une pyramide blanche fondre sur lui à une vitesse supersonique. Il réalisa alors qu’il s’agissait d’une constellation d’anges. Ces anges, aux ailes repliées vers l’arrière et aux bras allongés vers l’avant, étaient des êtres puissants revêtus d’une armure blanche. Bill prit une grande inspiration mais avant même qu’il n’ait le temps de relâcher son souffle, les anges l’avaient entouré et soulevé dans les airs. Tandis qu’il tourbillonnait entre ciel et terre, ses sens étaient distendus au-delà des limites normales de la perception humaine. Il y avait sept anges en tout. Trois anges faisaient du surplace à sa droite et trois autres à sa gauche. Ils étaient inclinés vers le haut, là où se trouvait un septième ange pour compléter le triangle. L’ange qui se trouvait au coin inférieur droit du triangle attira tout particulièrement son attention. Il rayonnait plus vivement que les autres, comme s’il était plus digne d’attention que ses compagnons. En comptant de gauche à droite, il était le septième ange. Bill se sentait étrangement attiré vers lui, comme s’il existait un lien spécial entre eux. Soudainement, cet ange leva brusquement son épée et dit : «Retourne à Jeffersonville, là où les sept sceaux de l’Apocalypse seront ouverts.»

Rapidement, mais tout en douceur, les anges le déposèrent à nouveau sur le gravier, au fond du canyon. Puis ils s’élevèrent à toute vitesse au-delà de la stratosphère, firent une pause et se retournèrent pour le regarder. Tandis que Bill observait la scène, les anges se transformèrent en êtres de lumière tout à fait différents de toutes les lumières terrestres ou galactiques. Ils ressemblaient plutôt à quelque chose de… eh bien disons-le, à quelque chose de surnaturelle. C’étaient de purs esprits qui, pour un bref instant, avaient revêtu une forme physique pendant qu’ils étaient dans notre monde. Bill observa les sept anges se diffuser jusqu’à ce qu’ils se fondent en un nuage vaporeux qui ressemblait à un anneau de lumière duveteuse de forme plus ou moins triangulaire. Puis ils disparurent complètement de son champ visuel… mais seulement de son champ visuel, puisqu’ils demeurèrent, sans contredit, bien imprégnés dans son champ d’expérience.

AVANT L’ARRIVÉE DES ANGES, Gene Norman marchait le long de la crête tout en regardant au fond du canyon où Bill tentait de débusquer les pécaris. Bien qu’à ce moment-là Gene ne voyait pas son ami, il savait à peu près où Bill devait se trouver. Gene gardait les yeux rivés sur les arbustes, à l’affut de tout mouvement, espérant voir apparaitre un des cochons sauvages que Bill tentait d’effrayer afin qu’ils remontent la pente en sa direction. Soudainement, Gene fut saisi d’un sentiment étrange qui le poussa à pleurer sans raison apparente. Après quelques minutes, ce sentiment étrange le quitta et ses larmes cessèrent. Il se demandait ce qui pouvait bien lui être arrivé lorsque BANG! une déflagration le fit sursauter et son cœur se mit à battre la chamade sous l’effet d’une montée d’adrénaline.

Le bruit semblait venir du ciel, directement au-dessus de sa tête. Présumant qu’il s’agissait d’un bang sonique, il regarda vers le ciel. Il n’y avait pas d’avion en vue, ni de grondements résiduels d’un moteur à réaction typique au jet supersonique qui s’éloignerait au loin. En fait, il n’y avait aucun bruit. Mais il avait vu quelque chose de très particulier. Il avait vu deux faisceaux de lumière, ou de vapeur, ou quelque chose du genre. Ils étaient à des kilomètres de distance l’un de l’autre et étaient inclinés vers le haut. Il n’avait jamais vu rien de tel.

À présent, Gene avait perdu tout intérêt pour la chasse. Pour une raison inexplicable, il désirait voir Bill au plus vite, alors il se mit à marcher dans sa direction. Comme le terrain était très accidenté, il ne pouvait pas se déplacer rapidement. Il devait faire attention de ne pas se faire darder les tibias d’épines en frôlant un cactus. Après environ une demi-heure de marche, Gene se retrouva à l’endroit où il avait vu Bill descendre au fond du canyon. Maintenant, il voyait Bill escalader la pente raide, se dirigeant vers lui. Gene agita les bras et cria pour attirer son attention.

Lorsqu’ils se rejoignirent, Bill demanda à Gene : «Avez-vous entendu un bruit comme celui d’une grande explosion?»

«Oui, certainement, Frère Bill. Au début, je pensais que c’était un avion qui brisait le mur du son, mais il n’y avait pas d’avion là-haut. Je chasse dans ces parages depuis des années et je n’ai jamais entendu rien de tel. Selon vous, de quoi s’agit-il?»

«Je sais ce dont il s’agit, Frère Gene, mais ne m’interrogez pas là-dessus pour l’instant. Je vous le dirai plus tard.»

Gene laissa tomber le sujet, bien qu’il demeura dans son esprit tout au long de l’après-midi et qu’il y pensait encore pendant qu’ils étaient réunis autour du feu de camp en soirée. Fred Sothmann avait également entendu l’explosion ce matin-là, alors il aborda la question.

Bill n’avait pas envie de discuter de la chose, sentant que ce n’était ni la place ni le moment appropriés. Mais, il savait exactement ce qu’il devait faire maintenant.

Le lendemain, samedi matin, les trois chasseurs partirent pour Tucson. Après une expérience aussi extraordinaire, Bill avait complètement perdu son enthousiasme pour la chasse ; il utilisa alors la nécessité de retourner à Jeffersonville comme prétexte pour couper court à leur expédition de chasse. Bien que ni Fred ni Gene n’aient encore capturé de pécari, cela ne les contrariait aucunement : ils avaient trop hâte aux réunions spéciales, prévues dans huit jours, car ils pressentaient que quelque chose de grandiose était sur le point de se dévoiler. Tous deux avaient la ferme intention d’y assister.

Le mardi matin, 12 mars, un convoi de quatre véhicules quitta Tucson en direction de Jeffersonville, en Indiana. Tandis que Bill voyageait dans la voiture avec Gene Norman, les Sothmann, les Simpson et les Maguire suivaient dans leurs automobiles respectives.

1 Le jeune homme ne fut pas condamné à mort, il fut plutôt emprisonné à vie.

Jules Pierre Moune

Éditeur de La Plateforme, Il peut Publier et supprimer un Article.

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